Nous étions le 2 juin dans le Domaine régional de
Port-Royal-des-Champs.
Ce massif forestier possède un réseau de mares
forestières, qui fait l’objet d’un programme d’action prévoyant leur maintien.
Un plan de gestion des mares a ainsi été mis en place. Il
a pour but d’optimiser et de planifier les opérations de leur mise en valeur.
mares du
Domaine régional de Port-Royal des champs
La gestion des mares naturelles doit prendre en compte
l’évolution naturelle de ces milieux fragiles (ombre, comblement*,
atterrissement*…).
* comblement : processus naturel d'accumulation de
matière organique au fond de la mare qui réduit la lame d'eau.
* atterrissement : réduction de la lame d'eau par la
variation du battement de la nappe phréatique.
Les mares présentent différents stades de développement,
que l’on juge en fonction de leur taux de comblement (ou encore taux
d’envasement) voire leur atterrissement.
Les différents stades de développement :
Le
premier stade, la mare est qualifiée de «jeune » : elle présente une
grande proportion d’eau libre et un très faible taux de comblement
(<30%) :
Mare jeune
La végétation aquatique s’installe, et vient recouvrir
progressivement la surface de la mare :
une partie de la surface de la mare est recouverte de végétation aquatique, et notamment de Glycérie (Glyceria), plante de la famille des Poacées
S’ensuit un début de comblement qui conduit au deuxième
stade…
Le deuxième stade, la mare est qualifié de
« mature ». Il est caractérisé par un envasement compris entre 30 et
50%.
L’envasement se poursuit, les stades de développement se
succèdent : troisième stade : début de comblement (comblement
inférieur à 65 %),
quatrième stade : comblement avancé (comblement
inférieur à 85 %),
cinquième stade : mare « vieille »
(comblement supérieur à 85 %)…. Jusqu’à arriver au sixième et dernier
stade : la mare est « comblée ». L’envasement est alors de 100%.
mare au
troisième stade de développement : elle est en début de comblement
(comblement inférieur à 65 %)
Les mares accueillent une faune et une flore à haute
valeur patrimoniale.
Elles sont le berceau des grenouilles, crapauds,
salamandres et tritons, insectes, plantes aquatiques mais servent également de
« garde-manger » pour de nombreuses espèces (oiseaux, chiroptères, reptiles,
etc.).
Les plantes aquatiques sont aussi appelées plantes
hygrophiles*
* hygrophile : se dit d'une plante qui pousse dans
les lieux humides
Trois types de techniques peuvent être utilisées en vue de
la restauration des mares :
- la
mise en lumière des mares par abattage,
- le
curage à la pelle mécanique avec dispersion des boues de curage alentour,
- le profilage des berges et extension selon les besoins.
L’apport de lumière bénéficie en premier lieu à la
flore. Elle favorise la croissance des plantes et en corollaire la constitution
d’habitats et de micro-habitats pour la faune des invertébrés et des vertébrés.
Elle influe en outre sur la température de l’eau, facteur important pour la
maturation des pontes d’amphibiens.
Les travaux d’éclaircie sont aussi menés afin de
pérenniser certaines plantes protégées des bords d’eau : Comarum palustre
L., Ranunculus lingua L., Carex curta Gooden., etc. Ces
opérations sont en général cantonnées aux rives et aux berges. Mais l’échelle
d’intervention peut être plus large et permettre, par exemple, de créer des
milieux herbacés riverains à la mare, le gestionnaire obtenant ainsi un
complexe mare/lande humide ou mare/prairie humide.
Lors de notre balade, nous avons rencontrés une grande
diversité de plantes, caractéristiques des milieux forestiers, et encore plus
spécifiquement des milieux humides.
Vous retrouverez ci-après les photos de ces plantes,
classées par famille, puis par ordre alphabétique des noms latins.
Plantes de la famille des Apiacées
Heracleum sphondylium L., Berce commune, Grande Berce, Berce sphondyle, Apiacées
Plantes de la famille des Astéracées
Leucanthemum
vulgare Lam., Grande marguerite, Astéracées
Cette fleur de Grande marguerite est prise d’assaut par
une Cétoine grise ou Drap mortuaire (Oxythyrea funesta Poda), insecte de la
famille des Cétonidées.
Cette cétoine phytophage est considérée comme insecte
nuisible car elle ne se nourrit pas seulement de pollen, mais aussi des organes
floraux, en particulier des bourgeons et fleurs de couleur claire (les fleurs
d’iris et de roses notamment).
(source : http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9toine_grise)
Taraxacum
officinale Weber, Pissenlit officinal, Astéracées
Plantes de la famille des Bétulacées
Carpinus
betulus L., Charme commun, Bétulacées
Plantes de la famille des Boraginacées
Myosotis
sylvatica Hoffm., Myosotis des forêts, Boraginacées
Plantes de la famille des Caryophyllacées
Stellaria
holostea L., Stellaire holostée, Caryophyllacées
Plantes de la famille des Cypéracées
Sur les trois photos qui suivent, on peut observer les 2
épillets mâles de la Laîche glauque, de couleur noire/ocre, qui
surplombent les 2 épillets femelles, de couleur verte/blanche.
Sur la photo ci-dessous, l’épillet femelle de la Laîche glauque
Carex
flacca Schreb., Laîche glauque, Cypéracées
Description :
La Laîche glauque mesure de 10 à 60 cm de haut. Les
feuilles sont vertes sur le dessus, glauques sur le dessous. Elle fleurit
d'avril à juin suivant les endroits.
La plupart des tiges ont deux épis mâles à leur sommet,
souvent proches et semblant ne faire qu'un au premier coup d'œil. Les épis
femelles sont généralement situés en dessous, aussi par deux, et peuvent être à
pétiole court et droit, ou à plus long pétiole et courbés. Les épis femelles
font environ 2 à 4 cm de long et 4 à 6 mm de large. Les grains sont arrondis
mesurant 2 à 2 ½ mm, avec un bec très court, de moins de 0,3 mm. Ils sont très
serrés sur la tige et non éparpillés comme sur Carex panicea.
Les bractées les plus basses sont presque aussi longues
que l'inflorescence.
Habitat : les prés, les landes,
les dunes et les pelouses sablonneuses du littoral européen et d'Afrique du
Nord. Elle est naturalisée en Amérique du Nord.
(source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/La%C3%AEche_glauque)
3 épillets femelles
Carex
pendula Huds., Laîche à épis pendants, Cypéracées
Description :
Espèce décorative, typique, formant de grosses touffes.
Tiges atteignant 180 cm, voire 240 cm, trigones.
Feuilles plus courtes que les tiges, larges (15-20 mm), à
bords rudes, vertes ou jaune-vert dessus, glauques dessous.
Ligules pointues.
Inflorescence pendante, à 1-2 épis mâles dominant 4-5
longs épis (7-16 cm) femelles, étroits, cylindriques.
Bractées inférieures plus courtes que l’inflorescence.
Ecailles femelles brun-roux.
Fruits gris vert devenant bruns.
Habitat : Fréquent dans les bois
en terrain lourd et au bord des ruisseaux ombragés.
(source : Guide des graminées, carex, joncs et
fougères, toutes les herbes d'Europe, Richard Fitter, Alastair Fitter, Ann
Farrer, Editions Delachaux et Niestlé, Les guides du naturaliste,Paris, 1991)
hypothèse
d’identification : Carex remota L., Laîche espacée,
Cypéracées
Description :
Souche gazonnante.
Tiges atteignant 60 cm.
Feuilles vert pâle, larges de 1-2 mm.
Inflorescence 8-20 cm.
Epillets inférieurs très espacés, pourvus d’une longue
bractée foliacée ; épillets longs de 3-10 mm, chacun mâle en haut et
femelle en bas.
Fruits verts.
S’hybride avec Carex otrubae.
Habitat : Bois humides et autres lieux ombragés
(source : Guide des graminées, carex, joncs et
fougères, toutes les herbes d'Europe, Richard Fitter, Alastair Fitter, Ann
Farrer, Editions Delachaux et Niestlé, Les guides du naturaliste,Paris, 1991)
hypothèse
d’identification : Carex vesicaria L., Laîche à utricules
renflés, Cypéracées
Description :
Souche rampante.
Forme des massifs.
Tiges atteignant 120 cm, entièrement triquètres.
Feuilles plus longues que les tiges, larges de 4-8 mm,
vertes ou vert-jaune, à bords rudes, non sempervirentes.
Ligules pointues.
Inflorescence à 2-4 épis mâles dominant 2-3 épis femelles,
l’inférieur souvent bien pédonculé, généralement pendant et avec une bractée
plus longue que l’inflorescence.
Fruits plus étroits que chez Carex rostrata, vert
olive, luisant.
Habitat : Tourbe mouillée, près
des aux douces ; lacs de montagne
(source : Guide des graminées, carex, joncs et
fougères, toutes les herbes d'Europe, Richard Fitter, Alastair Fitter, Ann
Farrer, Editions Delachaux et Niestlé, Les guides du naturaliste,Paris, 1991)
Plantes de la famille des Dipsacacées
Knautia arvensis (L.) Coulter, Knautie
des champs, Scabieuse des champs, Dipsacacées
Plantes de la famille des Dryopteridacées
Dryopteris
filix-mas (L.) Schott, Fougère mâle, Dryopteridacées
Les utilisations de la Prêle des champs :
Les tiges stériles ont été utilisées en jus, poudre,
décoction ou teinture mère.
De par sa richesse en éléments minéraux surtout en silice,
mais aussi en potassium, et en calcium, elle a un effet reminéralisant et
diurétique. Le manuel d'herboristerie, étudié pour l'examen national jusqu'en
1942 la prescrivait pour ses minéraux afin de soigner la peau, les tissus
conjonctifs en cas de fragilité des cartilages, des tendons et des os et dans
l'acné.
La consommation de silice sous forme végétale est
importante pour l'organisme humain car c'est un facteur limitant de la densité
osseuse.
Toxicité
La Prêle des champs a été responsable d'empoisonnement de
bétail, notamment de chevaux. Elle contient en effet de la thiaminase, toxique
car elle détruit la thiamine ou vitamine B11.
Autres utilisations
Les jeunes pousses de prêle sont consommées en salade
comme des asperges, à titre d'aliment comme à titre de nutriment.
Au Japon, les jeunes pousses, appelées tsukushi (ツクシ),
font partie des herbes sauvages dont les japonais sont friands. NB : le nom de
la prêle des champs adulte est sugina (スギナ).
Elle donne un colorant jaune.
Elle possède des propriétés fongicides : le purin de prêle
(décoction) pulvérisé sur le feuillage d'autres plantes est un traitement
préventif contre les maladies cryptogamiques sans doute par renforcement des
défenses de la plante grâce à la silice.
En raison de sa forte teneur en silice (10 %), elle était
autrefois utilisée pour décaper, nettoyer ou même polir le laiton, le cuivre et
les métaux précieux. "La prêle est une espèce de petit jonc à polir dont
se servent les ébénistes pour polir leurs ouvrages, et qui se vend communément
chez les épiciers et chez les luthiers. Pour s’en servir, il faut ôter toutes
les cordes de dessus la roue, ainsi que les chanterelles que l’on soulève
légèrement pour ensuite les poser sur les deux sautereaux de la dernière touche
du clavier. On prend quatre à cinq brins de cette prêle que l’on appuie fort
sur la roue, en faisant tourner rapidement la roue sur plusieurs tours ;
ensuite on prend un peu de coton pour essuyer la roue qui continue à tourner :
une fois cela étant fait, on remet les cordes sur la roue, puis de la colophane
de la manière décrite ci-dessus. Il faut cependant prendre garde de ne pas trop
en mettre, parce que le trop fait crier l’instrument."
(source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%AAle_des_champs)
Equisetum telmateai Ehrh., Grande prêle, Equisétacées
Description :
La plus grande prêle d’Europe.
Tiges stériles atteignant parfois 2 m, blanchâtres, à
rameaux simples.
20 à 40 côtes.
Gaines vertes, serrées, dents brunes à bords pâles.
Tiges fertiles blanchâtre, non rameuses, se fanant vite.
Maturité en avril, avant les tiges stériles.
Habitat: forme des colonies dans les lieux humides en terrain
argileux, fossés, bois.
(source : Guide des graminées, carex, joncs et
fougères, toutes les herbes d'Europe, Richard Fitter, Alastair Fitter, Ann
Farrer, Editions Delachaux et Niestlé, Les guides du naturaliste,Paris, 1991)
Plantes de la famille des Euphorbiacées
Euphorbia
amygdaloides L., Euphorbe des bois, Euphorbiacées
Plantes de la famille des Fabacées
Cytisus
scoparius (L.) Link, Genêt à balais, Fabacées
Lotus
corniculatus L., Lotier corniculé, pied de poule, Fabacées
Trifolium
pratense L., Trèfle des prés, Fabacées
Plantes de la famille des Fagacées
Castanea
sativa Miller, Châtaignier, Châtaignier commun, Fagacées
Quercus
petraea Liebl., Chêne rouvre, Chêne sessile, Fagacées
Quercus
robur L., Chêne pédonculé, Fagacées
Plantes de la famille des Géraniacées
Geranium
pyrenaicum Burm. fil., Géranium des Pyrénées, Géraniacées
Plantes de la famille des Hypéricacées
Hypericum
androsaemum L., Androsème officinal, Hypéricacées
L’Androsème officinal est un sous-arbrisseau
mesurant de 50 à 80 cm qui fleurit de juin à août.
Plante glabre, au feuillage semi-persistant, très rameuse,
aux tiges à deux côtes marquées.
Feuilles opposées, ovales à oblongues,
un peu odorantes au froissement, sessiles, parfois embrassantes.
Fleurs jaune pâle, 18-22 mm de diamètre, à 5 sépales plus
longs que les 5 pétales elliptiques.
Fruit charnu, en forme de baie, 7-10 mm de long,
rougeâtre devenant noir violacé en mûrissant.
Distribution : Grande-Bretagne,
Irlande, Belgique et France ; naturalisée ailleurs et très cultivée dans
les jardins.
Habitat : forêts de feuillus, en
zones humides, broussailles, haies ou rochers.
(source : Fleurs sauvages, 500 espèces, Christopher
Grey-Wilson, Larousse, 2005)
Plantes de la famille des Lamiacées
Ajuga
reptans L., Bugle rampante, Lamiacées
Lamium
galeobdolon (L.) L., Lamier jaune, Ortie jaune, Lamiacées
Mentha
suaveolens Ehrh., Menthe à feuilles rondes, Menthe parfumée,
Lamiacées
Plantes de la famille des Oléacées
Fraxinus
excelsior L., Frêne élevé, Frêne commun, Oléacées
Plantes de la famille des Orchidacées
Epipactis helleborine (L.) Crantz, Epipactis
à larges feuilles, Orchidacées
Plantes de la famille des Plantaginacées
Plantago
lanceolata L., Plantain lancéolé, Plantaginacées
Plantes de la famille des Rosacées
Crataegus
monogyna Jacq., Aubépine commune, Aubépine à un style, Epine blanche,
Rosacées ou Malacées
Fragaria
vesca L., Fraisier sauvage, Fraisier des bois, Rosacées
Geum
urbanum L., Benoîte commune, Rosacées
Sorbus
aucuparia L., Sorbier des oiseleurs, Sorbier des oiseaux,
Rosacées ou Malacées
Plantes de la famille des Salicacées
Salix
caprea L., Saule marsault, Saule des chèvres, Marsaule, Marseau,
Salicacées
Plantes de la famille des Scrophulariacées
Scrophularia
nodosa L., Scrofulaire noueuse, Scrophulariacées
N’oublions pas les habitants de la forêt, telle cette
Limace rouge !:
Arion rufus L., Limace rouge, Arionidae
La Limace rouge (Arion rufus L.) est une espèce de
mollusque appartenant à la famille des Arionidae. Elle est aussi appelée
communément, Grande limace rouge et Arion rouge ou plus populairement Loche
rouge.
Ou encore celui-ci, dont nous
soupçonnons la présence par l’empreinte qu’il a laissée au sol… sûrement un
sanglier ?
Merci pour ce partage botanique "d'essence Janséniste" (puisque Port-Royal des Champs !
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