mercredi 24 juin 2015

La flore sauvage de l’Espace régional de la Haute-Vallée de Chevreuse (78) – sortie du 21 juin 2015


Nous nous sommes promenés dimanche dans l’Espace régional de la Haute-Vallée de Chevreuse, situé non loin de l’abbaye de Port-Royal des Champs.



Voici quelques plantes rencontrées lors de notre balade, par ordre alphabétique des noms latins :
 
Carex pendula Huds., Laîche à épis pendants, Cypéracées :




 


Devant des pieds de Digitalis purpurea L., Digitale pourpre, Scrophulariacées :





La plante entière est très toxique par la présence d’hétérosides à visée cardiaque, les cardénolides ou digitoxosides. Si ces principes sont effectivement utilisés en thérapeutique, ils deviennent rapidement toxiques.
Les symptômes de l’empoisonnement sont typiques. Après des troubles digestifs, on observe une phase d’anxiété et surtout des troubles cardiaques : forte bradycardie, fibrillation, tachycardie ventriculaire extrasystole, la mort pouvant survenir par syncope cardiaque.

Risque de confusion : les accidents demeurent exceptionnels avec la plante. Toutefois, en 1999, une intoxication a été signalée en France à la suite de la confusion entre des feuilles de Consoude récoltées comme salade et de Digitale pourpre, et qui a nécessité plusieurs jours d’hospitalisation. D’autres confusions ont eu lieu avec des feuilles de Bourrache destinées à préparer des tisanes.
Le meilleur critère de distinction est le toucher des feuilles : il est velouté et très doux chez la Digitale pourpre, et particulièrement rêche chez la Consoude et la Bourrache.

Le saviez-vous ? Toutes les espèces de digitales sont plus ou moins toxiques, y compris les espèces ornementales introduites dans les jardins.














Devant un pied de Euphorbia amygdaloides L., Euphorbe des bois, Euphorbiacées :



C'est une plante vénéneuse, parfois dangereuse pour le bétail. Ses fleurs sont visitées par les abeilles. Chez l'homme, cette plante est violemment vomitive et purgative.

(Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Euphorbe_des_bois)






Devant des pieds de Geranium robertianum L., Géranium herbe-à-Robert, Géraniacées : le feuillage a un parfum caractéristique quand on le frotte



Habitat:
forêts, terres incultes, murs, décombres, jardins.
Europe centrale, Asie, Afrique du Nord, Amérique du Nord.

Les herbiers anciens font tous l’éloge de l’herbe de saint Robert.
Aujourd’hui, seule l’homéopathie l’utilise encore.
Les tanins contenus dans les parties aériennes calment les diarrhées et aident en usage externe à cicatriser les blessures se refermant difficilement.
La médecine populaire l’emploie également pour apaiser les inflammations gastro-intestinales, vésicales et rénales.












Hypericum perforatum L., Millepertuis commun, Millepertuis perforé, Hypéricacées :



Je tiens dans la main une inflorescence de Millepertuis perforé… :



… de laquelle j’ai détaché les feuilles afin que les participants puissent observer les petites poches translucides :



Les propriétés du Millepertuis sont dues à la présence d’un appareil sécréteur, visible par transparence au niveau des feuilles, sous la forme de petites poches translucides à l’origine du mot « millepertuis », et de massifs sécréteurs sous forme de points noirs. Cette présence d’huile essentielle est à l’origine de ses applications médicinales (notamment en tant que cicatrisant, dans le traitement des plaies et brûlures).

Mais le Millepertuis commun est à l’origine de photosensibilisations, liées à l’action des rayons du soleil sur une molécule sensible : l’hypéricine. Cette action est connue chez de nombreux animaux susceptibles de le brouter, en particulier chez le mouton après la tonte, et chez le cheval : il en résulte des lésions cutanées pouvant devenir graves, une excitation psychomotrice, des troubles de nature épileptique, et une hémolyse pouvant être mortelle. Cette action se retrouve chez l’Homme qui s’exposerait au soleil après l’utilisation d’huile de Millepertuis ou de pommade en contenant afin de soulager des gerçures, piqûres d’insectes ou… brûlures superficielles et coups de soleil !

Risques de confusion : a priori aucun, si ce n’est avec d’autres espèces de millepertuis qui ne développent pas les mêmes propriétés.

Le saviez-vous ? Le Millepertuis perforé a été longtemps l’objet de superstitions issues de la civilisation celtique, sa réputation de pouvoir éloigner les esprits mauvais lui valant le surnom de « chasse-diable », avant d’être utilisé et considéré au Moyen-Âge sous le nom d’« Herbe de Saint-Jean », et recherché alors pour ses vertus cicatrisantes.

Plante tinctoriale :

A partir des parties aériennes de la plante fleurie, on obtient du jaune à vert vif (aucun additif), du vert à bronze (additif : fer), du rouge violacé à brun (additif : alcool).
A partir des sommités fleuries, on obtient des verts vifs (aucun additif).









Leucanthemum vulgare Lam., Grande marguerite, Astéracées :





Les fleurs jaunes sont des Lotiers des marais (Lotus pedunculatus Cav.)-Fabacées

Prairies chaudes et basiques sur sol limoneux ou argileux.

Utilisations alimentaires :

La Marguerite hiverne sous forme de rosette compacte de feuilles, qu’on récolte au printemps pour les manger crues ou dans des purées de légumes. En mars-avril, les jeunes feuilles enrichissent les salades printanières.
Les boutons floraux et les cœurs jaunes des fleurs se conservent dans le vinaigre blanc ou dans l’huile aromatisée et se mangent en apéritif.
Les pétales blancs décorent les desserts, les tartines, les salades et les soupes de légumes. En avril-mai, les tiges florales cuites au four se mangent en légume.
Les racines, qu’on récolte de septembre à mars, se mangent cuites à l’eau ou au four.

Goût : Les fleurs et les tiges ont un goût de peau de courgette. Les racines rappellent la betterave rouge.

Composants : Huiles essentielles, tanins, résine.

Propriétés médicinales :

Peu utilisée. L’infusion de têtes florales (capitules) est antispasmodique, on l’utilise contre les douleurs menstruelles et de coliques. Elle est astringente et agit contre la toux, car l’astringence solidifie la surface des muqueuses et des plaies, diminuant leurs sécrétions.





Lotus pedunculatus Cav., Lotier des marais, Fabacées :










Malva moschata L., Mauve musquée, Malvacées :




Cercope sanguin (Cercopis vulnerata Rossi)-Cercopidae sur une tige de Mauve alcée :









Mentha suaveolens Ehrh., Menthe à feuilles rondes, Lamiacées :





Devant des pieds de Pastinaca sativa L., Panais commun, Panais cultivé, Apiacées :



Un pied de Panais commun au milieu de Holcus lanatus L., Houlque laineuse, Poacées

Au premier plan, des pieds de Panais communs, et au deuxième plan, des pieds de Knautia arvensis (L.) Coulter, Knautie des champs, Scabieuse des champs, Dipsacacées

Utilisations culinaires :

Le Panais est un parent de la carotte et se consomme de la même manière.
Les graines qu'on récolte à la fin de l'été rappellent le carvi et aromatisent salades, purées, choucroute, pommes de terre au four ainsi que divers spiritueux.
Jusqu'en juillet, les feuilles, pointes et tiges molles s'ajoutent aux salades et à divers plats de légumes. Elles agrémentent beurre et fromage blanc aux herbes ainsi que les simples tartines beurrées.
Le premier automne, les racines contiennent des composants importants. On les récolte jusqu'au printemps suivant et elles sont plus tendres après les premières gelées. Finement coupées, on les mange en salade et on les cuisine à l'eau, au four ou à la poêle. Même cuites, elles donnent de savoureuses salades.
Fleurs et boutons sont les ingrédients aromatiques de divers plats de légumes et s'utilisent comme décoration à manger.

Goût : Le Panais rappelle la Carotte sauvage en plus piquant. La racine est douce. La plante et les graines évoquent la carotte et l’anis, elles sont sucrées et piquantes.

Composants : Huile essentielle, inuline, alcaloïdes, furocoumarine (effet photosensibilisateur), vitamines A, B et C, acides gras et minéraux, en particulier le potassium.

Propriétés médicinales :

Toutes les parties de la plante bues en infusion (1 cm3 par tasse) sont diurétiques. L'infusion est également analgésique et sédative. La racine du panais est un légume méconnu de grande valeur et sa teneur en inuline en fait un bon aliment pour les diabétiques. Elle procure aussi protéines, vitamines et minéraux en abondance et tonifie l'organisme.



Phragmites australis (Cav.) Steudel., Phragmite commun, Roseau commun, Poacées :



Utilisations culinaires :

En automne, on produit une farine avec les jeunes racines blanches et de l’épaisseur d’un doigt : on les fait sécher en petits morceaux, on les réduit en poudre et on les passe pour éliminer les fibres. Les morceaux de racines séchées servent aussi à préparer un substitut de café.
En avril, la base de la racine et la jeune pousse encore tendre se mangent comme légume. On ôte d’abord les feuilles externes et on garde le blanc intérieur. Le blanc peut être conservé dans l’huile, réduit à la poêle ou mangé cru en salade. Les pousses pressées donnent un jus sucré. Les jeunes tiges incisées produisent dans la nuit une boule de sirop claire et sucrée que l’on déguste comme une friandise.
On récolte les graines en septembre-octobre en secouant, en tapotant, ou en frottant les panaches sur une table, puis on souffle dessus pour éliminer la balle. Les graines sont ensuite concassées. En hiver, on consomme les graines germées sur un bord de fenêtre.

Goût : La plante a une saveur douce et sucrée.

Composants : Racines et tiges : jusqu’à 5% de sucres (amidon principalement), asparagine.

Propriétés médicinales :

En médecine chinoise, le roseau passe pour analgésique, diurétique et fébrifuge. Le jus de racine est utilisé contre la toux et la nausée. L’infusion de fleurs et de feuilles est censé agir contre la bronchite, le choléra et les intoxications alimentaires.




Populus tremula L., Peuplier tremble, Salicacées :



Utilisations culinaires :

Dès que les premières feuilles apparaissent en avril-mai, on les cueille pour les cuisiner avant qu'elles soient coriaces. On peut les préparer comme la choucroute en les faisant lactofermenter. Les feuilles plus âgées peuvent être séchées et moulues pour allonger la farine ou aromatiser les sauces.
On récolte le délicat cambium à l'intérieur de l'écorce en mars-avril. Coupé en lanières très fines, on le cuit à l'eau pour obtenir une sorte de plat de nouilles. Séché et moulu, il sert à allonger les farines de céréales. Ne récoltez le cambium que sur les écorces ou les rameaux tombés par terre; arracher l'écorce sur l'arbre risque de le faire mourir. La sève libérée par la récolte du cambium est réduite et épaissie pour faire du sirop, du vin doux ou du vinaigre.
La décoction de boutons floraux est très amère mais émet un agréable parfum de soupe de légumes. On l'utilise dans la fabrication de spiritueux. On cuisine les fleurs et les très jeunes feuilles avec des légumes fermes tels que le fenouil.

Goût : Les parties tendres de l’arbre ont un goût d’asperge, mais en plus fort. Tous les autres peupliers (Populus) européens s’utilisent de la même façon.

Composants : Dans les boutons : glycosides phénoliques très proches de ceux de l’écorce de saule et principalement constitués de salicine, d’huiles essentielles (0,3%) et de flavonoïdes.

Propriétés médicinales :

Les boutons et l'écorce sont utilisés dans le monde entier. Les préparations à base de tremble sont bactéricides, anti-inflammatoires et vulnéraires. Son efficacité en usage interne tient à sa teneur élevée en salicine et dérivés ("aspirine végétale"). Le baume de tremble traite les plaies superficielles, les hémorroïdes, les engelures, les démangeaisons cutanées et les coups de soleil. La tisane est efficace en cas de rhumatismes, d'affection urinaire, de bronchite chronique, de toux et de rétention d'eau, ainsi que dans les affections de l'utérus et de la prostate. La cendre de bois broyée serait utilisée en cas d'indigestion et d'ulcère à l'estomac.

 
Ranunculus flammula L., Renoncule flammette, Renonculacées :



Devant des Ronces des bois (Rubus groupe fruticosus)-Rosacées :





Nous observons les Saules blancs et les Saules marsault :
Salix alba L., Saule blanc, Osier blanc, Salicacées et
Salix caprea L., Saule marsault, Saule des chèvres, Salicacées



L’écorce du Saule blanc est fébrifuge. Elle contient la salicine que le corps transforme en acide salicylique, chimiquement apparenté au principe actif de l’aspirine. En médecine populaire, les décoctions d’écorce étaient recommandées pour traiter les rhumatismes, les maux de tête, les douleurs névralgiques, les refroidissements accompagnés de fièvre et la goutte. La quintessence florale de Bach « Willow » réjouirait les personnes aigries. Ne pas utiliser pendant la grossesse.

Application médicale :
Décoction d’écorce de saule pour troubles gastro-intestinaux : verser de l’eau froide sur une cuillère à café d’écorce finement broyée par tasse, porter lentement à ébullition. Laisser reposer 5 minutes et filtrer.



Scutellaria galericulata L., Scutellaire casquée, Lamiacées :




Stachys sylvatica L., Épiaire des bois, Lamiacées :

 

Utilisations alimentaires :

Jusqu'en juin, les jeunes feuilles couvertes de poils fins s'ajoutent hachées dans les mélanges d'herbes, le fromage aux herbes, les salades et sauces de salade, ainsi que dans les purées de plantes sauvages et les gratins.
Les soupes et les bouillons à l'épiaire sont une spécialité. Faire sécher ou mariner les feuilles dans l'huile en vue de leur conservation.
La base des tiges au départ des racines se cuisine à la poêle en avril, après épluchage.
De septembre jusqu'au printemps, quand le sol n'est pas gelé, les racines cuites à l'eau ou au four sont un légume finement épicé. Séchées et moulues, elles fournissent une farine pour bouillies et pains.

Goût : l’Épiaire a une saveur aromatique et épicée rappelant le cèpe.

Composants :
Huiles essentielles, substances amères et tanins.

Propriétés médicinales :

Les Épiaires des bois et des marais (Stachys palustris L.) ne sont pratiquement plus utilisées, bien que toutes deux aient des propriétés antispasmodiques.
Elles stimulent le système nerveux et sont utiles en cas de névralgie, de troubles de la thyroïde et de la rate, de rhumatismes, de goutte et d'affections respiratoires.
L'Épiaire des bois peut contribuer à régler les menstruations, l'Épiaire des marais est diurétique.
On les administre généralement sous forme d'infusion.
La décoction favorise la guérison des plaies et leur cicatrisation.
Mais la plante s'emploie aussi avec du vin ou du vinaigre.



Stellaria graminea L., Stellaire graminée, Caryophyllacées :




Trifolium campestre Schreber, Trèfle des champs, Fabacées :




Je tiens dans la main une feuille de Tussilago farfara L., Tussilage, Pas d'âne, Astéracées :



Habitat : chemins, bords des routes, berges, gravières. Europe, Asie de l’Ouest, Afrique du Nord.

Les fleurs et les jeunes feuilles du Tussilage renferment énormément de mucilages, c’est pourquoi on les préconise depuis l’Antiquité comme remède contre la toux et l’enrouement (du latin tussis, « toux »). Malheureusement, elles contiennent également des alcaloïdes de pyrrolizidine et ne se prêtent donc pas à une utilisation régulière. Des cultures sans alcaloïdes permettent néanmoins aujourd’hui l’utilisation médicale de cette plante. Le Tussilage est anti-inflammatoire, il existe même des cigarettes de Tussilage contre l’asthme.

Application médicale : tisane contre la toux : ne pas cueillir la plante, mais l’acheter en herboristerie. Verser de l’eau bouillante sur 1,5 c. à c. de drogue par tasse. Laisser reposer 10-15 minutes et boire une tasse plusieurs fois par jour. Peut être sucrée avec du miel.







Sources :

Guide des teintures naturelles, plantes à fleurs, Marie Marquet, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011

Plantes sauvages comestibles, S.G. Fleischhauer, J. Guthmann & R. Spiegelberger, Éditions Ulmer, Paris 2012

Guide des plantes toxiques et allergisantes, Michel Botineau, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011

350 plantes médicinales, docteur Wolfgang Hensel, Editions Delachaux et Niestlé, Paris 2008, réimpression 2010