Nous nous sommes promenés dimanche dans l’Espace régional
de la Haute-Vallée de Chevreuse, situé non loin de l’abbaye de Port-Royal des
Champs.
Voici quelques plantes rencontrées lors de notre balade,
par ordre alphabétique des noms latins :
Carex pendula Huds., Laîche à épis pendants,
Cypéracées :
Devant des pieds de Digitalis purpurea L., Digitale
pourpre, Scrophulariacées :
La plante entière est très toxique par la présence
d’hétérosides à visée cardiaque, les cardénolides ou digitoxosides. Si ces
principes sont effectivement utilisés en thérapeutique, ils deviennent
rapidement toxiques.
Les symptômes de l’empoisonnement sont typiques. Après des
troubles digestifs, on observe une phase d’anxiété et surtout des troubles
cardiaques : forte bradycardie, fibrillation, tachycardie ventriculaire
extrasystole, la mort pouvant survenir par syncope cardiaque.
Risque de confusion : les accidents demeurent
exceptionnels avec la plante. Toutefois, en 1999, une intoxication a été
signalée en France à la suite de la confusion entre des feuilles de Consoude
récoltées comme salade et de Digitale pourpre, et qui a nécessité plusieurs
jours d’hospitalisation. D’autres confusions ont eu lieu avec des feuilles de
Bourrache destinées à préparer des tisanes.
Le meilleur critère de distinction est le toucher des
feuilles : il est velouté et très doux chez la Digitale pourpre, et
particulièrement rêche chez la Consoude et la Bourrache.
Le saviez-vous ? Toutes les espèces de digitales
sont plus ou moins toxiques, y compris les espèces ornementales introduites
dans les jardins.
Devant un pied de Euphorbia amygdaloides L., Euphorbe
des bois, Euphorbiacées :
C'est une plante vénéneuse, parfois dangereuse pour le
bétail. Ses fleurs sont visitées par les abeilles. Chez l'homme, cette plante
est violemment vomitive et purgative.
(Source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Euphorbe_des_bois)
Devant des pieds de Geranium robertianum L., Géranium
herbe-à-Robert, Géraniacées : le feuillage a un parfum caractéristique
quand on le frotte
Habitat:
forêts, terres incultes, murs, décombres, jardins.
Europe centrale, Asie, Afrique du Nord, Amérique du Nord.
Les herbiers anciens font tous l’éloge de l’herbe de saint
Robert.
Aujourd’hui, seule l’homéopathie l’utilise encore.
Les tanins contenus dans les parties aériennes calment les
diarrhées et aident en usage externe à cicatriser les blessures se refermant
difficilement.
La médecine populaire l’emploie également pour apaiser les
inflammations gastro-intestinales, vésicales et rénales.
Hypericum perforatum L., Millepertuis commun,
Millepertuis perforé, Hypéricacées :
Je tiens dans la main une inflorescence de Millepertuis
perforé… :
… de laquelle j’ai détaché les feuilles afin que les
participants puissent observer les petites poches translucides :
Les propriétés du Millepertuis sont dues à la présence
d’un appareil sécréteur, visible par transparence au niveau des feuilles, sous
la forme de petites poches translucides à l’origine du mot « millepertuis », et
de massifs sécréteurs sous forme de points noirs. Cette présence d’huile
essentielle est à l’origine de ses applications médicinales (notamment en tant
que cicatrisant, dans le traitement des plaies et brûlures).
Mais le Millepertuis commun est à l’origine de
photosensibilisations, liées à l’action des rayons du soleil sur une molécule
sensible : l’hypéricine. Cette action est connue chez de nombreux animaux
susceptibles de le brouter, en particulier chez le mouton après la tonte, et
chez le cheval : il en résulte des lésions cutanées pouvant devenir graves, une
excitation psychomotrice, des troubles de nature épileptique, et une hémolyse
pouvant être mortelle. Cette action se retrouve chez l’Homme qui s’exposerait
au soleil après l’utilisation d’huile de Millepertuis ou de pommade en
contenant afin de soulager des gerçures, piqûres d’insectes ou… brûlures
superficielles et coups de soleil !
Risques de confusion : a priori aucun, si ce
n’est avec d’autres espèces de millepertuis qui ne développent pas les mêmes
propriétés.
Le saviez-vous ? Le Millepertuis perforé a été
longtemps l’objet de superstitions issues de la civilisation celtique, sa
réputation de pouvoir éloigner les esprits mauvais lui valant le surnom de «
chasse-diable », avant d’être utilisé et considéré au Moyen-Âge sous le nom d’«
Herbe de Saint-Jean », et recherché alors pour ses vertus cicatrisantes.
Plante tinctoriale :
A partir des parties aériennes de la plante fleurie, on
obtient du jaune à vert vif (aucun additif), du vert à bronze (additif : fer),
du rouge violacé à brun (additif : alcool).
A partir des sommités fleuries, on obtient des verts vifs
(aucun additif).
Leucanthemum vulgare Lam., Grande marguerite,
Astéracées :
Les
fleurs jaunes sont des Lotiers des marais (Lotus pedunculatus
Cav.)-Fabacées
Prairies chaudes et basiques sur sol limoneux ou argileux.
Utilisations alimentaires :
La Marguerite hiverne sous forme de rosette compacte de
feuilles, qu’on récolte au printemps pour les manger crues ou dans des purées
de légumes. En mars-avril, les jeunes feuilles enrichissent les salades
printanières.
Les boutons floraux et les cœurs jaunes des fleurs se
conservent dans le vinaigre blanc ou dans l’huile aromatisée et se mangent en
apéritif.
Les pétales blancs décorent les desserts, les tartines,
les salades et les soupes de légumes. En avril-mai, les tiges florales cuites
au four se mangent en légume.
Les racines, qu’on récolte de septembre à mars, se mangent
cuites à l’eau ou au four.
Goût : Les fleurs et les tiges ont un goût de peau de
courgette. Les racines rappellent la betterave rouge.
Composants : Huiles essentielles, tanins,
résine.
Propriétés médicinales :
Peu utilisée. L’infusion de têtes florales (capitules) est
antispasmodique, on l’utilise contre les douleurs menstruelles et de coliques.
Elle est astringente et agit contre la toux, car l’astringence solidifie la
surface des muqueuses et des plaies, diminuant leurs sécrétions.
Lotus pedunculatus Cav., Lotier des marais,
Fabacées :
Malva moschata L., Mauve musquée,
Malvacées :
Cercope sanguin (Cercopis vulnerata Rossi)-Cercopidae
sur une tige de Mauve alcée :
Devant des pieds de Pastinaca sativa L., Panais
commun, Panais cultivé, Apiacées :
Un pied
de Panais commun au milieu de Holcus lanatus L., Houlque laineuse,
Poacées
Au
premier plan, des pieds de Panais communs, et au deuxième plan, des
pieds de Knautia arvensis (L.) Coulter, Knautie des champs, Scabieuse
des champs, Dipsacacées
Utilisations culinaires :
Le Panais est un parent de la carotte et se consomme de la
même manière.
Les graines qu'on récolte à la fin de l'été
rappellent le carvi et aromatisent salades, purées, choucroute, pommes de terre
au four ainsi que divers spiritueux.
Jusqu'en juillet, les feuilles, pointes et tiges
molles s'ajoutent aux salades et à divers plats de légumes. Elles agrémentent
beurre et fromage blanc aux herbes ainsi que les simples tartines beurrées.
Le premier automne, les racines contiennent des
composants importants. On les récolte jusqu'au printemps suivant et elles sont
plus tendres après les premières gelées. Finement coupées, on les mange en
salade et on les cuisine à l'eau, au four ou à la poêle. Même cuites, elles
donnent de savoureuses salades.
Fleurs et boutons sont les ingrédients aromatiques
de divers plats de légumes et s'utilisent comme décoration à manger.
Goût : Le Panais rappelle la Carotte sauvage en
plus piquant. La racine est douce. La plante et les graines évoquent la carotte
et l’anis, elles sont sucrées et piquantes.
Composants : Huile essentielle,
inuline, alcaloïdes, furocoumarine (effet photosensibilisateur), vitamines A, B
et C, acides gras et minéraux, en particulier le potassium.
Propriétés médicinales :
Toutes les parties de la plante bues en infusion (1 cm3
par tasse) sont diurétiques. L'infusion est également analgésique et sédative.
La racine du panais est un légume méconnu de grande valeur et sa teneur en
inuline en fait un bon aliment pour les diabétiques. Elle procure aussi protéines,
vitamines et minéraux en abondance et tonifie l'organisme.
Phragmites australis (Cav.) Steudel., Phragmite
commun, Roseau commun, Poacées :
Utilisations culinaires :
En automne, on produit une farine avec les jeunes racines
blanches et de l’épaisseur d’un doigt : on les fait sécher en petits
morceaux, on les réduit en poudre et on les passe pour éliminer les fibres. Les
morceaux de racines séchées servent aussi à préparer un substitut de café.
En avril, la base de la racine et la jeune pousse
encore tendre se mangent comme légume. On ôte d’abord les feuilles externes et
on garde le blanc intérieur. Le blanc peut être conservé dans l’huile, réduit à
la poêle ou mangé cru en salade. Les pousses pressées donnent un jus sucré. Les
jeunes tiges incisées produisent dans la nuit une boule de sirop claire et
sucrée que l’on déguste comme une friandise.
On récolte les graines en septembre-octobre en
secouant, en tapotant, ou en frottant les panaches sur une table, puis on
souffle dessus pour éliminer la balle. Les graines sont ensuite concassées. En
hiver, on consomme les graines germées sur un bord de fenêtre.
Goût : La plante a une saveur douce et sucrée.
Composants : Racines et tiges :
jusqu’à 5% de sucres (amidon principalement), asparagine.
Propriétés médicinales :
En médecine chinoise, le roseau passe pour analgésique,
diurétique et fébrifuge. Le jus de racine est utilisé contre la toux et la
nausée. L’infusion de fleurs et de feuilles est censé agir contre la bronchite,
le choléra et les intoxications alimentaires.
Populus tremula L., Peuplier tremble,
Salicacées :
Utilisations culinaires :
Dès que les premières feuilles apparaissent en
avril-mai, on les cueille pour les cuisiner avant qu'elles soient coriaces. On
peut les préparer comme la choucroute en les faisant lactofermenter. Les
feuilles plus âgées peuvent être séchées et moulues pour allonger la farine ou
aromatiser les sauces.
On récolte le délicat cambium à l'intérieur de
l'écorce en mars-avril. Coupé en lanières très fines, on le cuit à l'eau pour
obtenir une sorte de plat de nouilles. Séché et moulu, il sert à allonger les
farines de céréales. Ne récoltez le cambium que sur les écorces ou les rameaux
tombés par terre; arracher l'écorce sur l'arbre risque de le faire mourir. La
sève libérée par la récolte du cambium est réduite et épaissie pour faire du
sirop, du vin doux ou du vinaigre.
La décoction de boutons floraux est très amère mais
émet un agréable parfum de soupe de légumes. On l'utilise dans la fabrication
de spiritueux. On cuisine les fleurs et les très jeunes feuilles avec des
légumes fermes tels que le fenouil.
Goût : Les parties tendres de l’arbre ont un goût
d’asperge, mais en plus fort. Tous les autres peupliers (Populus)
européens s’utilisent de la même façon.
Composants : Dans les boutons :
glycosides phénoliques très proches de ceux de l’écorce de saule et
principalement constitués de salicine, d’huiles essentielles (0,3%) et de
flavonoïdes.
Propriétés médicinales :
Les boutons et l'écorce sont utilisés dans le monde entier.
Les préparations à base de tremble sont bactéricides, anti-inflammatoires et
vulnéraires. Son efficacité en usage interne tient à sa teneur élevée en
salicine et dérivés ("aspirine végétale"). Le baume de tremble traite
les plaies superficielles, les hémorroïdes, les engelures, les démangeaisons
cutanées et les coups de soleil. La tisane est efficace en cas de rhumatismes,
d'affection urinaire, de bronchite chronique, de toux et de rétention d'eau,
ainsi que dans les affections de l'utérus et de la prostate. La cendre de bois
broyée serait utilisée en cas d'indigestion et d'ulcère à l'estomac.
Ranunculus flammula L., Renoncule flammette,
Renonculacées :
Devant des Ronces des bois (Rubus groupe
fruticosus)-Rosacées :
Nous observons les Saules blancs et les Saules
marsault :
Salix alba L., Saule blanc, Osier
blanc, Salicacées et
Salix caprea L., Saule marsault, Saule
des chèvres, Salicacées
L’écorce du Saule blanc est fébrifuge. Elle contient la
salicine que le corps transforme en acide salicylique, chimiquement apparenté
au principe actif de l’aspirine. En médecine populaire, les décoctions d’écorce
étaient recommandées pour traiter les rhumatismes, les maux de tête, les
douleurs névralgiques, les refroidissements accompagnés de fièvre et la goutte.
La quintessence florale de Bach « Willow » réjouirait les personnes aigries. Ne
pas utiliser pendant la grossesse.
Application médicale :
Décoction d’écorce de saule pour troubles
gastro-intestinaux : verser de l’eau froide sur une cuillère à café d’écorce
finement broyée par tasse, porter lentement à ébullition. Laisser reposer 5
minutes et filtrer.
Scutellaria galericulata L., Scutellaire
casquée, Lamiacées :
Stachys sylvatica L., Épiaire des bois,
Lamiacées :
Utilisations alimentaires :
Jusqu'en juin, les jeunes feuilles couvertes de poils fins
s'ajoutent hachées dans les mélanges d'herbes, le fromage aux herbes, les
salades et sauces de salade, ainsi que dans les purées de plantes sauvages et
les gratins.
Les soupes et les bouillons à l'épiaire sont une
spécialité. Faire sécher ou mariner les feuilles dans l'huile en vue de leur
conservation.
La base des tiges au départ des racines se cuisine à la
poêle en avril, après épluchage.
De septembre jusqu'au printemps, quand le sol n'est pas
gelé, les racines cuites à l'eau ou au four sont un légume finement épicé.
Séchées et moulues, elles fournissent une farine pour bouillies et pains.
Goût : l’Épiaire a une saveur aromatique et épicée
rappelant le cèpe.
Composants :
Huiles essentielles, substances amères et tanins.
Propriétés médicinales :
Les Épiaires des bois et des marais (Stachys palustris
L.) ne sont pratiquement plus utilisées, bien que toutes deux aient des
propriétés antispasmodiques.
Elles stimulent le système nerveux et sont utiles en cas de
névralgie, de troubles de la thyroïde et de la rate, de rhumatismes, de goutte
et d'affections respiratoires.
L'Épiaire des bois peut contribuer à régler les
menstruations, l'Épiaire des marais est diurétique.
On les administre généralement sous forme d'infusion.
La décoction favorise la guérison des plaies et leur
cicatrisation.
Mais la plante s'emploie aussi avec du vin ou du vinaigre.
Stellaria graminea L., Stellaire graminée,
Caryophyllacées :
Trifolium campestre Schreber, Trèfle
des champs, Fabacées :
Je tiens dans la main une feuille de Tussilago farfara
L., Tussilage, Pas d'âne, Astéracées :
Habitat : chemins, bords des routes,
berges, gravières. Europe, Asie de l’Ouest, Afrique du Nord.
Les fleurs et les jeunes feuilles du Tussilage renferment
énormément de mucilages, c’est pourquoi on les préconise depuis l’Antiquité
comme remède contre la toux et l’enrouement (du latin tussis, « toux »).
Malheureusement, elles contiennent également des alcaloïdes de pyrrolizidine et
ne se prêtent donc pas à une utilisation régulière. Des cultures sans
alcaloïdes permettent néanmoins aujourd’hui l’utilisation médicale de cette
plante. Le Tussilage est anti-inflammatoire, il existe même des cigarettes de
Tussilage contre l’asthme.
Application médicale : tisane contre
la toux : ne pas cueillir la plante, mais l’acheter en herboristerie. Verser de
l’eau bouillante sur 1,5 c. à c. de drogue par tasse. Laisser reposer 10-15
minutes et boire une tasse plusieurs fois par jour. Peut être sucrée avec du
miel.
Sources :
Guide des teintures naturelles, plantes à fleurs, Marie
Marquet, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011
Plantes sauvages comestibles, S.G.
Fleischhauer, J. Guthmann & R. Spiegelberger, Éditions Ulmer, Paris 2012
Guide des plantes toxiques et allergisantes, Michel
Botineau, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011
350 plantes médicinales, docteur Wolfgang
Hensel, Editions Delachaux et Niestlé, Paris 2008, réimpression 2010
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