Nous étions dimanche dans la forêt de Champ Garnier,
devenue propriété de l’Agence des espaces verts de la Région Île-de-France, qui
l'a rebaptisée « Espace régional de la Haute-Vallée de Chevreuse ».
Le temps était au beau fixe !
Je vous présente ci-après les plantes sauvages
rencontrées, grâce aux magnifiques photos de Frédéric Godard f.godard@yahoo.fr :
Devant un Acer campestre L., Érable champêtre,
Acéracées ou Sapindacées :
Je tiens dans la main une galle d'Andricus
kollari (Hartig), un diptère de la famille des Cynipidae :
Position des galles : au niveau des bourgeons
du Chêne pédonculé (Quercus robur), du Chêne pubescent (Quercus
pubescens), du Chêne tauzin (Quercus pyrenaica) et autres espèces.
Biologie : les adultes quittent la
galle à l'automne ou bien l'année suivante; il s'agit de la galle de la
génération agame*; la forme bisexuée cause de petites galles de
printemps dans les bourgeons de Chêne chevelu (Quercus cerris).
Répartition : Europe, Afrique du Nord;
espèce très commune.
Risques de confusion : lorsqu'elle est
bien formée, cette galle est très typique; certaines malformations peuvent être
source de confusion avec les galles d'autres Cynipides (Andriscus
gallaetinctoriae, Andriscus lignicolus, Andriscus conglomeratus,
etc.).
Le saviez-vous? Le
nom de cet insecte est dédié à Vincenz Kollar (aussi orthographié Vincent
Köllar 1797-1860), entomologiste polonais spécialiste des diptères,
conservateur au muséum d'histoire naturelle de Vienne.
*Agame : Se dit d'une population
ne présentant pas de forme sexuée, ou, par extension, seulement des femelles,
comme dans le cas de la génération parthénogénétique des Cynipides.
Achillea millefolium L., Achillée
millefeuille, Astéracées
(les capitules de fleurs blanches de l’Achillée
millefeuille forment des corymbes)
et
Artemisia vulgaris L., Armoise commune,
Astéracées
(les capitules, en inflorescence à peine feuillée, sont
disposés sur des rameaux droits, dressés) :
Achillea millefolium L., Achillée millefeuille,
Astéracées :
Plante tinctoriale :
Avec les parties aériennes fleuries, on obtient du jaune
(aucun additif) et du vert bronze, brun (additif : vert).
Utilisations alimentaires :
Les feuilles basales fraîches (mars-avril), les
feuilles tendres sous l'inflorescence (jusqu'en septembre) et les boutons
floraux (en mai-juin) parfument plats de légumes et salades. Les feuilles
sèches et plus vieilles s'emploient sèches dans la préparation de spiritueux,
tisanes et tabac en mélange.
On se sert des fleurs pour aromatiser le sucre et
on tartine le pain de sève sucrée cuite. Les fleurs aromatisent toutes sortes
de boissons telles que tisanes et alcools, ainsi que les conserves au vinaigre.
Elles sont décoratives sur les plats.
Goût : L’Achillée a un parfum aromatique et un goût de
muscade âpre et piquant.
Composants : Jusqu’à 1% d’huiles
essentielles (azules), lactones sesquiterpéniques, tanins, substances amères,
flavonoïdes, acides acétique, caféique et malique, cuivre, potassium et
vitamines.
Propriétés médicinales :
C'est un anti-inflammatoire du tube digestif, sédatif,
dépuratif et tonique. Elle est utilisée dans les affections rénales, les
palpitations cardiaques, les névralgies, les maux de tête et de dents. Les
substances amères stimulent la sécrétions de bile et soulagent les affections
hépatiques chroniques.
En usage externe contre les douleurs articulaires et les
impuretés de peau. Emploi traditionnel contre les hémorroïdes et les troubles
menstruels, en homéopathie contre les saignements (d'où le nom populaire
d'herbe-à-la coupure).
Chez les personnes sensibles, l’Achillée combinée au
soleil peut provoquer une allergie de contact appelée « dermite des prés ».
Artemisia vulgaris L., Armoise commune,
Astéracées :
Plante tinctoriale :
A partir des extrémités fleuries, on obtient du beige ocre
(aucun additif), du vert kaki (additif : cuivre) et du bronze, noir (additif :
fer).
Utilisations alimentaires :
En avril-mai, les très jeunes feuilles et pousses
sont aromatiques et pas encore amères, et viennent agrémenter les salades,
quiches, omelettes…. On les utilise aussi pour préparer liqueurs et tisanes.
Avant la floraison, on peut éplucher les 10 cm supérieurs et les cuisiner en
légume. Pendant toute la période de végétation, on peut faire la récolte des
feuilles tant qu'elles sont encore juteuses.
De juillet à octobre, on fait cuire à l'eau les
ramifications avec leurs inflorescences, parfois déjà ligneuses à la
base. Retirer les tiges avant de servir.
Goût : L’Armoise a un goût aromatique, douceâtre à
amer. En pleine maturité, elle accompagne avec profit les plats gras.
Composants :
Tanins, substances amères (lactones sesquiterpéniques),
flavonoïdes, coumarine, triterpènes, huile essentielle (jusqu’à 0,3 %) dont
cinéol et thuyone.
Propriétés médicinales:
En infusion, elle a un effet sédatif sur le système
nerveux.
Elle est également tonique et ne doit pas être bue en
début de grossesse. Elle calme les douleurs menstruelles, stimule la digestion
et la rate.
L’huile imprégnée d’Armoise soulage les rhumatismes.
carrefour
des Mousseaux
Je tiens dans la main une feuille de Carpinus betulus L.,
Charme commun, Bétulacées :
Utilisations alimentaires :
Mélangées à d'autres plantes sauvages, les jeunes feuilles
tout juste sorties s'emploient dans le fromage blanc aux herbes, le beurre aux
herbes et le sel aux fines herbes.
Les premières graines se forment en mai, juste
après la floraison. Débarrassées de leurs ailes membraneuses, on les cuit avec
des légumes ou on les confit dans le vinaigre à la manière des
"pickles". Si leur amertume ne vous convient pas, mettez-les à
tremper dans de l'eau salée avant utilisation. Vous pourrez ensuite les ajouter
à des salades toniques.
On récolte les fruits ailés de juillet à septembre pour en
extraire une huile de table.
Goût : l’amertume du Charme enrichira les mélanges
d’aromates.
Propriétés médicinales :
composants et usages médicinaux inconnus.
Circaea lutetiana L., Circée de Paris,
Onagracées :
Cirsium palustre (L.) Scop., Cirse
des marais, Astéracées :
Digitalis purpurea L., Digitale pourpre,
Scrophulariacées
La belle, mais très toxique !, Digitale pourpre, est
en graines _ j’en ramasse quelques unes… :
Toxicité : la plante entière est très
toxique par la présence d’hétérosides à visée cardiaque, les cardénolides ou
digitoxosides. Si ces principes sont effectivement utilisés en thérapeutique,
ils deviennent rapidement toxiques.
Les symptômes de l’empoisonnement sont typiques. Après des
troubles digestifs, on observe une phase d’anxiété et surtout des troubles
cardiaques : forte bradycardie, fibrillation, tachycardie ventriculaire
extrasystole, la mort pouvant survenir par syncope cardiaque.
Risque de confusion : les accidents demeurent
exceptionnels avec la plante. Toutefois, en 1999, une intoxication a été
signalée en France à la suite de la confusion entre des feuilles de Consoude
récoltées comme salade et de Digitale pourpre, et qui a nécessité plusieurs
jours d’hospitalisation. D’autres confusions ont eu lieu avec des feuilles de
Bourrache destinées à préparer des tisanes.
Le meilleur critère de distinction est le toucher des
feuilles : il est velouté et très doux chez la Digitale pourpre, et
particulièrement rêche chez la Consoude et la Bourrache.
Le saviez-vous ? Toutes les espèces de digitales sont plus
ou moins toxiques, y compris les espèces ornementales introduites dans les
jardins.
Je déterre une racine de Geum urbanum L., Benoîte
commune, Rosacées :
Au Moyen-Âge, la Benoîte commune était considérée comme
herba benedicta, c’est-à-dire « herbe bénie ». On lui attribuait donc de
nombreuses vertus curatives.
La racine contient des tanins et une huile essentielle qui
dégage une odeur de clous de girofle.
La médecine populaire utilisait les tanins pour traiter le
manque d’appétit, les troubles digestifs, les diarrhées, les inflammations de
la bouche et de la gorge et, en usage externe, en cas d’eczémas cutanés.
Application médicale :
Tisane (gargarismes, troubles digestifs) : verser de l’eau
bouillante sur 1 c. à c. d’herbe par tasse et laisser reposer 15 minutes. Filtrer
et boire avant les repas. Ne pas dépasser la dose.
Crataegus monogyna Jacq., Aubépine commune,
Rosacées ou Malacées :
Utilisations alimentaires :
On récolte les cenelles en août-septembre et on les
dénoyaute afin de les consommer crues ou ajoutées à diverses confitures,
compotes et vins doux. On les écrase en purée chaude mélangée à du lait. Les
cenelles séchées se boivent en tisane ou allongent la farine de céréales.
Les graines concassées et rôties peuvent servir de
substitut de café.
On aromatise les alcools avec les jeunes feuilles
juste sorties des bourgeons. On peut aussi les manger crues ou dans des
salades. En été, on prépare des salades et un vin cardiotonique avec les
feuilles fermes.
Les fleurs odorantes aromatisent toutes sortes de
desserts ainsi que le sucre, les sorbets et les liqueurs. On en saupoudre les
salades. Début avril, les boutons s'ajoutent aux plats de légumes ou se
conservent comme les câpres.
Goût : Les jeunes feuilles et les fleurs ont un goût
d’amande amère. Les cenelles sont farineuses, fruitées et sucrées.
Composants : flavonoïdes
(principalement procyanidine,
hypéroside et rutoside), en particulier dans les feuilles et l’écorce. Les
fruits en contiennent beaucoup moins. Amines biogènes. Dans les fleurs :
jusqu’à 0,15 % d’huile essentielle.
Propriétés médicinales :
Feuilles, fleurs et fruits sont utilisées. L'action
médicinale de l'Aubépine n'a été découverte que récemment. Des essais cliniques
ont démontré une amélioration de la circulation sanguine et un effet hypotenseur.
On l'emploie aussi dans les troubles cardiaques non organiques et dans les
traitements post-infarctus. Cette action ne se révèle que sur la durée.
L'Aubépine se tolère très bien et ne provoque pas d'effets secondaires.
carrefour
du Poteau Blanc
Au premier plan, un Cytisus scoparius (L.) Link, Genêt
à balais, Fabacées :
Plante tinctoriale :
A partir des fleurs, on obtient du jaune (aucun
additif) ; à partir des rameaux juste fleuris, on obtient du jaune vif un
peu vert (aucun additif), du vert vif (additif : cuivre).
Toxicité : La plante renferme des
amines (tyramine, dopamine), des flavonoïdes (génitoside, spiracoside et
scoparoside, entre autres) et des alcaloïdes. Parmi les alcaloïdes (une
vingtaine en tout) on citera la spartéine, majoritaire dans les rameaux, et la
lupanine majoritaire dans les graines, mais aussi l'ammodendrine et
l'hydroxylupanine.
Traditionnellement on utilisait la fleur comme diurétique
et pour le traitement des troubles circulatoires (la présence de flavonoïdes
explique cet usage). Les rameaux sont récoltés pour en extraire la spartéine
pour les besoins de l'industrie pharmaceutique. Cet alcaloïde possède
différentes propriétés pharmacologiques : il a un effet régulateur sur les
battements cardiaques (en fait, il soustrait le cœur à l'influence du système
nerveux végétatif), il est donc indiqué pour le traitement de l'éréthisme
cardiaque. Par son activité ocytocique (il augmente les contractions de
l'utérus) il peut servir, sous forme injectable, à déclencher un accouchement
(il est potentiellement abortif… donc contre indiqué en cas de grossesse).
Jadis, Cytisus scoparius était considéré comme une
plante magique associée à la magie noire.
Selon Prosper Mérimée, « si les sorcières ne pouvaient pas
monter sur un balai de bouleau, il n'y avait rien de plus facile que de monter
sur un balai de genêt et aller au bout du monde ».
(Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gen%C3%AAt_%C3%A0_balais)
Les
effets cumulés de l’absence de pluie et des fortes chaleurs du mois de juillet
ont asséché les mares…
Daucus carota L., Carotte sauvage,
Apiacées :
Je montre l’involucre caractéristique de la Carotte
sauvage : les bractées de l’involucre sont trifides ou divisées, ciliées,
celles de l’involucelle étant généralement entières.
C’est un élément qui permet de distinguer la Carotte
sauvage de la Petite ciguë (Aethusa cynapium L.), plante très toxique !, qui possède des
involucelles à 3-4 longues bractées situées du côté extérieur de chaque
ombellule, donnant à la plante un aspect barbu. La Petite ciguë n’a pas
d’involucre.
Définition des termes botaniques utilisés pour décrire
l’involucre de la Carotte sauvage (et les involucelles de la Petite
ciguë !):
Bractée : Feuille modifiée ou non
qui est associée à une fleur ou à une inflorescence.
Les bractées peuvent être très différentes des autres
feuilles de la plante par leurs tailles, leurs formes ou leurs couleurs. Elles
s’insèrent généralement à la base de la fleur ou de l’inflorescence.
Cilié : Bordé de cils ou de poils.
Involucelle : Petit involucre.
Ensemble de petites bractées formant une sorte de collerette soit à la base
d’une ombellule, soit à l’extérieur de l’involucre de certaines espèces chez
les Astéracées ou les Dipsacacées.
Involucre : Ensemble de bractées
formant une sorte de collerette située à la base d’une inflorescence
(généralement une ombelle ou un capitule) ou d’une fleur solitaire.
Ombellule : Petite ombelle. Les
ombellules constituent les éléments d’une ombelle composée.
Trifide : Se dit d’un organe fendu
en trois parties jusque vers le milieu de sa longueur.
Plante tinctoriale :
A partir des parties aériennes fleuries ou des fanes de
carotte, on obtient du jaune vif à vert vif (le vert s'obtient plus facilement
avec la plante fraîche et en maintenant la température en dessous de
l'ébullition, aucun additif), du vert bronze (additif : fer).
Propriétés : La racine de carotte contient
de la vitamine B1, B2, B6 et PP, du sodium, potassium, magnésium et du
phosphore. Elle contient beaucoup moins de carotène (vitamine A) que sa cousine
cultivée qui nous vient du moyen orient.
Précautions et risques de confusion : Les
Apiacées toxiques avec lesquelles on pourrait éventuellement confondre la
carotte ont des tiges glabres. La racine de la carotte se récolte au printemps
dans des terrains meubles, avant que la tige florale ne se développe sinon elle
devient ligneuse.
Utilisations alimentaires : La
racine de la carotte sauvage, blanche, peut se consommer crue, râpée ou cuite.
Les fruits aromatiques constituent un excellent condiment.
Les jeunes feuilles peuvent être cuites et cuisinées de
différentes façons, dans les soupes, sautées à la poêle…
Les fleurs fraîches peuvent être préparées en beignet ou
saupoudrées pour décorer un plat.
Je tiens dans la main une feuille de Fagus sylvatica L.,
Hêtre, Fagacées :
En la plaçant à contre-jour, on aperçoit les poils très
fins qui bordent le limbe :
Un très bel Hêtre :
Utilisations alimentaires :
Les jeunes feuilles ayant trempé une nuit dans
l'eau aromatisent les limonades ; elles aromatisent aussi les liqueurs
après deux semaines de trempage. On peut les manger dans les salades et les
plats de légumes. Les feuilles séchées peuvent se fumer dans le tabac.
Les faines, qu'on récolte en septembre, sont
indigestes en grandes quantités. Une fois rôties, on peut les consommer sans
problème dans les salades, les marinades à l'eau-de-vie, comme substitut de
café ou avec des légumes cuits. On en extrait une huile de table.
Coupée en lanières, l'écorce intérieure tendre des
arbres abattus se prépare comme les nouilles. Les copeaux frais aromatisent
viandes fumées et vinaigre.
En mars-avril, les faines germées se mangent en apéritif
avec des aromates. Finement hachés et salés, ils aromatisent les salades.
Goût : les faines de Hêtre rappellent l’amande. Les
feuilles ont un goût d’oseille.
Propriétés médicinales :
L'infusion d'écorce de hêtre est fébrifuge, bactéricide et
soulage les affections respiratoires. Le goudron de bois de hêtre était
autrefois employé pour calmer les démangeaisons et les inflammations cutanées.
Le bois donne une huile essentielle appelée créosote, employée en homéopathie
contre toutes sortes de troubles inflammatoires. Le charbon de bois entre dans
la composition de nombreuses préparations contre les digestions paresseuses,
les varices, les insuffisances cardiaques et circulatoires.
Composants :
Dans les faines : jusqu’à 45 % d’acides gras,
40 % d’amidon, 25 % de protéines, vitamines B6 et C, alcaloïdes et fagine. Ces
deux derniers composés sont vraisemblablement responsables des désagréments
causés par les faines crues, maux de ventre et de tête notamment. En petites
quantités, les faines sont inoffensives. Les faire rôtir pour détruire les
substances problématiques.
Plante tinctoriale :
Les différentes couleurs obtenues avec les feuilles du
Hêtre :
- du jaune d’or (aucun additif),
- du vert (additif : cuivre),
- du vert kaki (additif : fer).
Galeopsis tetrahit L., Ortie royale,
Lamiacées :
Utilisations alimentaires :
Toute l’année, les feuilles se mangent crues en
salades variées. Cuites, elles servent d’ingrédient de farces de légumes,
gratins, soupes, plats de légumes, purées de plantes (épinards), plats mijotés,
galettes et pains de légumes, quiches, omelettes et fromage blanc aux herbes.
Les fleurs colorées décorent toutes sortes de
plats.
Les graines produisent une huile légèrement amère.
On concasse d’abord les graines avant de les presser ou de les tremper dans
l’eau chaude pour récupérer l’huile. Les graines séchées se consomment germées
en hiver.
Goût : L’Ortie royale a un goût très
doux, discrètement aromatisé, qui la destine à de très nombreux plats.
L’Ortie royale n’est pas une vraie ortie. Toutes les
autres espèces du genre Galeopsis ont les mêmes utilisations.
Composants : Acide salicylique, tanins et
saponine.
Propriétés médicinales :
L’Ortie royale est expectorante et s’utilise contre les
toux légères et la bronchite. En compresse contre les enflures.
Devant une Heracleum sphondylium L., Berce
commune, Apiacées :
Habitat :
La berce commune apprécie les sols riches. On la rencontre
des plaines aux régions montagneuses, dans les prés, les bois clairs, les
fossés et au bord des routes et des chemins. On trouve parfois sur un même site
de nombreuses sous-espèces aux feuilles de forme variée. La berce repousse
après la fauche des prés et fleurit parfois une deuxième fois.
Caractéristiques botaniques :
Sa caractéristique la plus remarquable est sa taille. Elle
est toujours plus grande que les plantes environnantes. On remarque
immédiatement ses grandes feuilles anguleuses, peu divisées, notamment dans les
prairies.
Toute la plante est pubescente ; ses longs pétioles sont
ovales en coupe transversale ; les feuilles qui se développent le long de la
tige possèdent une gaine renflée. La tige, qui peut atteindre 2 mètres de
hauteur et porte les ombelles, est ronde, cannelée et creuse.
L’odeur de la berce commune, également caractéristique,
rappelle le céleri et la carotte, et son goût évoque légèrement celui de la
mandarine.
Cueillette et usage culinaire :
On cueille d’abord les jeunes feuilles lorsqu’elles sont
encore froissées, avec leur long pétiole juteux ; on peut les déguster en salade
ou comme légume après les avoir fait cuire à la vapeur. Plus tard, on récolte
les inflorescences non écloses protégées par la gaine foliaire ; elles sont
délicieuses cuites à la vapeur comme des brocolis.
La tige épluchée et pas encore lignifiée est particulièrement
sucrée ; c’est un en-cas bienvenu lors d’une randonnée. Elle peut également
être servie crue en apéritif.
On utilise les graines très aromatiques dans les plats
sucrés ou relevés, ou dans les boissons.
Les personnes ayant la peau sensible doivent se montrer
prudentes lors de la cueillette : la sève de la plante peut entraîner une
réaction de photosensibilisation suivie de brûlures de la peau, à l’instar de
la berce du Caucase.
Risques de confusion :
Pendant la floraison, la berce commune peut être confondue
avec d’autres espèces de la même famille. La Berce du Caucase (Heracleum
mantegazzianum) est une proche parente qui peut atteindre 4 mètres de
hauteur ; ses immenses feuilles sont toutefois plus effilées.
Je tiens dans la main une liane de Lonicera
periclymenum L., Chèvrefeuille des bois, Caprifoliacées, dont on
aperçoit les baies :
Toxicité : les baies de Chèvrefeuilles,
quelle en soit l’espèce, sont soupçonnées d’avoir provoqué des intoxications,
mais en fait non rigoureusement vérifiées. Sans doute les troubles ne sont-ils
que d’ordre digestif, car les baies contiennent effectivement des saponosides.
Parmi les autres chèvrefeuilles-lianes, mentionnons :
souvent introduit dans les jardins, Lonicera caprifolium L. qui se
distingue par ses feuilles toutes soudées entre elles par leur base et,
caractéristiques du pourtour méditerranéen, Lonicera implexa Aiton et Lonicera
etrusca Santi., ces derniers à fleurs plus rougeâtres. Quelques autres
espèces sont arbustives.
Risque de confusion : aucun.
Le saviez-vous ? Le qualificatif de periclymenum, «
baigné tout autour », voulait s’appliquer à des espèces méridionales aux
feuilles soudées en une petite cuvette où s’accumule l’eau de pluie, et a été
malencontreusement reporté par Linné à cette espèce aux feuilles non soudées.
Pastinaca sativa L., Panais commun,
Apiacées :
Utilisations alimentaires :
Le Panais est un parent de la carotte et se consomme de la
même manière.
Les graines qu'on récolte à la fin de l'été
rappellent le carvi et aromatisent salades, purées, choucroute, pommes de terre
au four ainsi que divers spiritueux.
Jusqu'en juillet, les feuilles, pointes et tiges
molles s'ajoutent aux salades et à divers plats de légumes. Elles agrémentent
beurre et fromage blanc aux herbes ainsi que les simples tartines beurrées.
Le premier automne, les racines contiennent des
composants importants. On les récolte jusqu'au printemps suivant et elles sont
plus tendres après les premières gelées. Finement coupées, on les mange en
salade et on les cuisine à l'eau, au four ou à la poêle. Même cuites, elles
donnent de savoureuses salades.
Fleurs et boutons sont les ingrédients aromatiques
de divers plats de légumes et s'utilisent comme décoration à manger.
Goût : Le Panais rappelle la Carotte sauvage en plus
piquant. La racine est douce. La plante et les graines évoquent la carotte et
l’anis, elles sont sucrées et piquantes.
Composants : Huile essentielle, inuline,
alcaloïdes, furocoumarine (effet photosensibilisateur), vitamines A, B et C,
acides gras et minéraux, en particulier le potassium.
Propriétés médicinales :
Toutes les parties de la plante bues en infusion (1 cm3
par tasse) sont diurétiques. L'infusion est également analgésique et sédative.
La racine du panais est un légume méconnu de grande valeur et sa teneur en
inuline en fait un bon aliment pour les diabétiques. Elle procure aussi
protéines, vitamines et minéraux en abondance et tonifie l'organisme.
Plantago lanceolata L., Plantain lancéolé,
Plantaginacées :
Utilisations alimentaires :
D'avril à juin, les feuilles centrales de la
rosette sont aromatiques. A cause de leurs fibres longitudinales, on les coupe
en bandes transversales. On les mange en salade ou cuites comme des épinards et
dans les omelettes. Elles servent aussi à décorer le pain et divers plats, et
on peut en extraire le jus. On les utilise même dans certains spiritueux.
On trouve les tendres boutons floraux d'avril à
juillet. On peut les mâcher crus, les ajouter aux salades, les faire réduire à
la poêle ou encore les conserver dans l'huile ou le vinaigre.
Les graines se forment d'août à novembre. Elles
donnent un goût fin aux plats de légumes. L'huile qu'elles contiennent apporte
une touche de noisette dans les salades et sur les toasts.
La racine, qu'on récolte d'octobre à avril, a de
nombreuses radicelles et doit être soigneusement brossée. Emincée, elle entre
dans la composition de tourtes avec d'autres légumes tels que tomate, poivron
ou carotte cuits à l'eau et légèrement salés, puis liés avec de l'œuf et de la
farine.
Toutes les autres espèces européennes de plantains (Plantago)
s'emploient de la même façon.
Goût : La plante a un goût de champignon, surtout
les boutons floraux.
Composants : Glycosides (iridoïdes, 2-3%),
mucilages, saponines, flavonoïdes (surtout apigénine et lutéoline), acide
silicique (> 1%), zinc, potassium, forte teneur en vitamines C et B.
Propriétés médicinales :
C'est une des plantes les plus utilisées depuis
l'Antiquité en raison de sa vaste répartition géographique. Encore aujourd'hui,
la racine séchée a des utilisations médicinales: verser de l'eau frémissante
sur 2 cm3 par tasse de racine séchée et laisser infuser 15 min. Toutes les
plantaginacées sont bactéricides, rafraîchissantes et dépuratives. Le plantain
lancéolé est surtout utilisé pour soigner plaies, irritations cutanées,
brûlures, enflures et piqûres d'insectes. L'extrait passe pour très efficace
contre les inflammations oculaires. En usage interne, le plantain soulage les
affections des voies respiratoires supérieures ainsi que les inflammations
bucco-pharyngées, de même que les ulcères de l'estomac, les colites et les
inflammations urinaires. Les feuilles fraîches froissées avec la main soulagent
parfois les piqûres d'insectes.
Prunella vulgaris L., Brunelle commune,
Lamiacées :
Utilisations alimentaires :
Finement hachées, les jeunes feuilles et les
pointes avec leurs boutons confèrent en avril-mai un peu d’âpreté au
beurre aux herbes, aux salades et aux sauces de salade. Dans les sauces de
salade, employer une huile à la saveur forte pour atténuer le goût âpre. On
l’ajoute en petites quantités aux mélanges d’herbes aromatiques et aux
sandwiches. Cuisinées dans un peu d’eau, on les incorpore dans les plats
mijotés, les légumes cuits à l’eau et les soupes. Les feuilles séchées aromatisent
les macérations (par exemple macérées pendant la nuit), les alcools ainsi que
le tabac.
Les fleurs violettes décoreront toutes sortes de
plats, de bowls et de tisanes.
Goût : feuilles et fleurs ont un goût âpre et
aromatique.
Composants :
Tanins et substances amères, saponine, flavonoïdes et
résines.
Propriétés médicinales :
Emploi traditionnel contre les maladies
gastro-intestinales. La plante est bactéricide ; autrefois, on l’utilisait
contre la diphtérie, les pharyngite et les laryngites. Des études récentes,
notamment en Chine, décrivent son efficacité contre le virus de l’herpès. Ce
virus peut provoquer des cloques désagréables au niveau des organes génitaux
externes et des lèvres. En usage externe contre les troubles oculaires et pour
favoriser la cicatrisation. La médecine chinoise l’emploie même dans le
traitement du cancer et de la tuberculose.
Devant un Prunus laurocerasus L., Laurier-cerise,
Rosacées ou Amygdalacées :
Toxicité : les feuilles et les graines
(ou amandes) du Laurier-cerise contiennent des hétérosides cyanogènes, mais
ceux-ci ne sont libérés que par lésion de ces éléments. Se produit alors une
hydrolyse enzymatique qui va libérer d’une part du glucose, du benzaldéhyde qui
est responsable de cette odeur aromatique dite d’« amande amère », d’autre part
de l’acide cyanhydrique qui est un poison violent.
Les feuilles de Laurier-cerise ont pu servir pour parfumer
des desserts, mais des accidents sont survenus en particulier chez des enfants.
Mieux vaut donc s’abstenir.
Quant aux fruits, ils ne sont pas toxiques par eux-mêmes,
mais les graines qu’ils renferment sont riches en ces principes vénéneux.
Heureusement, leur saveur est peu agréable.
Risque de confusion : avec le Laurier commun ou
Laurier-sauce (Laurus nobilis L.), utilisé comme condiment ; chez cet
arbuste, les fleurs jaunâtres sont assemblées en inflorescence compacte, et les
feuilles - également persistantes – sont ondulées sur les bords et dégagent par
froissement une odeur aromatique spécifique.
Robinia pseudoacacia L., Robinier
faux-acacia, Fabacées :
Utilisations alimentaires :
En juin, les fleurs aromatisent sorbets, pâtisseries,
spiritueux, tisanes et gelées sucrées. On les fait frire dans de la pâte à
beignets ou on les trempe dans de l’eau sucrée. En mai, on confit les boutons
dans le vinaigre à la manière des câpres.
Composants :
Dans les fleurs et feuilles : glycosides, huile
essentielle avec des composants odorants, flavonoïdes et tanins.
Dans les graines, racine, et écorce : substance toxique
(lectine).
Propriétés médicinales :
La tisane et le vin de fleurs seraient cholagogues,
antispasmodiques et toniques. En homéopathie, l’écorce des jeunes pousses est
employée en cas d’acidité excessive de l’estomac. Aussi contre les migraines et
les névralgies faciales.
Rubus groupe fruticosus, Ronce des bois,
Rosacées :
Plante tinctoriale :
On obtient du gris et du noir avec les feuilles et tiges
de la Ronce des bois, en rajoutant du fer comme additif.
La tisane de feuilles de ronce a un goût agréable. Les feuilles
brunes fermentées peuvent remplacer le thé noir. Les feuilles séchées aident
lors de diarrhées, comme lavement des affections cutanées et en gargarismes
contre les inflammations de la bouche et de la gorge. Le jus des fruits mûrs
contient des acides de fruits et des vitamines.
Application médicale :
Tisane de feuilles de mûrier et framboisier à parts
égales. Tilleul, téguments d’églantines séchées et menthe pour l’arôme. Verser
de l’eau bouillante sur 2 cuillères à café de ce mélange par tasse et filtrer
au bout de 10 minutes.
Devant un parterre de Tussilago farfara L., Tussilage,
Astéracées :
Les fleurs et les jeunes feuilles du Tussilage renferment
énormément de mucilages, c’est pourquoi on les préconise depuis l’Antiquité
comme remède contre la toux et l’enrouement (du latin tussis, « toux »).
Malheureusement, elles contiennent également des alcaloïdes de pyrrolizidine et
ne se prêtent donc pas à une utilisation régulière. Des cultures sans
alcaloïdes permettent néanmoins aujourd’hui l’utilisation médicale de cette
plante. Le Tussilage est anti-inflammatoire, il existe même des cigarettes de
Tussilage contre l’asthme.
Application médicale : tisane contre la toux
: ne pas cueillir la plante, mais l’acheter en herboristerie. Verser de l’eau
bouillante sur 1,5 c. à c. de drogue par tasse. Laisser reposer 10-15 minutes
et boire une tasse plusieurs fois par jour. Peut être sucrée avec du miel.
Sources :
Plantes sauvages comestibles, S.G.
Fleischhauer, J. Guthmann & R. Spiegelberger, Editions Ulmer, Paris 2012
350 plantes médicinales, docteur Wolfgang
Hensel, Editions Delachaux et Niestlé, Paris 2008, réimpression 2010
La cuisine des plantes sauvages, Meret
Bisseger, Editions Ulmer, Paris 2012
Guide des teintures naturelles, plantes à fleurs, Marie
Marquet, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011
Guide des plantes toxiques et allergisantes, Michel
Botineau, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011
Plantes sauvages comestibles, Alain
Creton, Séquoïa Editions, Colomars 2011
Guide des galles de France et d’Europe,
Patrick Dauphin, collection guide des fous de nature, Édition Belin, 2012
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