samedi 15 août 2015

La flore sauvage de l’Espace régional de la Haute-Vallée de Chevreuse (78) – sortie du 9 août 2015


Nous étions dimanche dans la forêt de Champ Garnier, devenue propriété de l’Agence des espaces verts de la Région Île-de-France, qui l'a rebaptisée « Espace régional de la Haute-Vallée de Chevreuse ».



Le temps était au beau fixe !

Je vous présente ci-après les plantes sauvages rencontrées, grâce aux magnifiques photos de Frédéric Godard f.godard@yahoo.fr :


Devant un Acer campestre L., Érable champêtre, Acéracées ou Sapindacées :





Je tiens dans la main une galle d'Andricus kollari (Hartig), un diptère de la famille des Cynipidae :



Position des galles : au niveau des bourgeons du Chêne pédonculé (Quercus robur), du Chêne pubescent (Quercus pubescens), du Chêne tauzin (Quercus pyrenaica) et autres espèces.
Biologie : les adultes quittent la galle à l'automne ou bien l'année suivante; il s'agit de la galle de la génération agame*; la forme bisexuée cause de petites galles de printemps dans les bourgeons de Chêne chevelu (Quercus cerris).
Répartition : Europe, Afrique du Nord; espèce très commune.
Risques de confusion : lorsqu'elle est bien formée, cette galle est très typique; certaines malformations peuvent être source de confusion avec les galles d'autres Cynipides (Andriscus gallaetinctoriae, Andriscus lignicolus, Andriscus conglomeratus, etc.).
Le saviez-vous?  Le nom de cet insecte est dédié à Vincenz Kollar (aussi orthographié Vincent Köllar 1797-1860), entomologiste polonais spécialiste des diptères, conservateur au muséum d'histoire naturelle de Vienne.

*Agame : Se dit d'une population ne présentant pas de forme sexuée, ou, par extension, seulement des femelles, comme dans le cas de la génération parthénogénétique des Cynipides.



Achillea millefolium L., Achillée millefeuille, Astéracées
(les capitules de fleurs blanches de l’Achillée millefeuille forment des corymbes)
et
Artemisia vulgaris L., Armoise commune, Astéracées
(les capitules, en inflorescence à peine feuillée, sont disposés sur des rameaux droits, dressés) :



Achillea millefolium L., Achillée millefeuille, Astéracées :

Plante tinctoriale :

Avec les parties aériennes fleuries, on obtient du jaune (aucun additif) et du vert bronze, brun (additif : vert).

Utilisations alimentaires :

Les feuilles basales fraîches (mars-avril), les feuilles tendres sous l'inflorescence (jusqu'en septembre) et les boutons floraux (en mai-juin) parfument plats de légumes et salades. Les feuilles sèches et plus vieilles s'emploient sèches dans la préparation de spiritueux, tisanes et tabac en mélange.
On se sert des fleurs pour aromatiser le sucre et on tartine le pain de sève sucrée cuite. Les fleurs aromatisent toutes sortes de boissons telles que tisanes et alcools, ainsi que les conserves au vinaigre. Elles sont décoratives sur les plats.

Goût : L’Achillée a un parfum aromatique et un goût de muscade âpre et piquant.

Composants : Jusqu’à 1% d’huiles essentielles (azules), lactones sesquiterpéniques, tanins, substances amères, flavonoïdes, acides acétique, caféique et malique, cuivre, potassium et vitamines.

Propriétés médicinales :

C'est un anti-inflammatoire du tube digestif, sédatif, dépuratif et tonique. Elle est utilisée dans les affections rénales, les palpitations cardiaques, les névralgies, les maux de tête et de dents. Les substances amères stimulent la sécrétions de bile et soulagent les affections hépatiques chroniques.
En usage externe contre les douleurs articulaires et les impuretés de peau. Emploi traditionnel contre les hémorroïdes et les troubles menstruels, en homéopathie contre les saignements (d'où le nom populaire d'herbe-à-la coupure).
Chez les personnes sensibles, l’Achillée combinée au soleil peut provoquer une allergie de contact appelée « dermite des prés ».

Artemisia vulgaris L., Armoise commune, Astéracées :

Plante tinctoriale :

A partir des extrémités fleuries, on obtient du beige ocre (aucun additif), du vert kaki (additif : cuivre) et du bronze, noir (additif : fer).

Utilisations alimentaires :

En avril-mai, les très jeunes feuilles et pousses sont aromatiques et pas encore amères, et viennent agrémenter les salades, quiches, omelettes…. On les utilise aussi pour préparer liqueurs et tisanes. Avant la floraison, on peut éplucher les 10 cm supérieurs et les cuisiner en légume. Pendant toute la période de végétation, on peut faire la récolte des feuilles tant qu'elles sont encore juteuses.
De juillet à octobre, on fait cuire à l'eau les ramifications avec leurs inflorescences, parfois déjà ligneuses à la base. Retirer les tiges avant de servir.

Goût : L’Armoise a un goût aromatique, douceâtre à amer. En pleine maturité, elle accompagne avec profit les plats gras.

Composants :
Tanins, substances amères (lactones sesquiterpéniques), flavonoïdes, coumarine, triterpènes, huile essentielle (jusqu’à 0,3 %) dont cinéol et thuyone.

Propriétés médicinales:

En infusion, elle a un effet sédatif sur le système nerveux.
Elle est également tonique et ne doit pas être bue en début de grossesse. Elle calme les douleurs menstruelles, stimule la digestion et la rate.
L’huile imprégnée d’Armoise soulage les rhumatismes.


carrefour des Mousseaux




Je tiens dans la main une feuille de Carpinus betulus L., Charme commun, Bétulacées :



Utilisations alimentaires :

Mélangées à d'autres plantes sauvages, les jeunes feuilles tout juste sorties s'emploient dans le fromage blanc aux herbes, le beurre aux herbes et le sel aux fines herbes.
Les premières graines se forment en mai, juste après la floraison. Débarrassées de leurs ailes membraneuses, on les cuit avec des légumes ou on les confit dans le vinaigre à la manière des "pickles". Si leur amertume ne vous convient pas, mettez-les à tremper dans de l'eau salée avant utilisation. Vous pourrez ensuite les ajouter à des salades toniques.
On récolte les fruits ailés de juillet à septembre pour en extraire une huile de table.

Goût : l’amertume du Charme enrichira les mélanges d’aromates.

Propriétés médicinales :
composants et usages médicinaux inconnus.



Circaea lutetiana L., Circée de Paris, Onagracées :












Cirsium palustre (L.) Scop., Cirse des marais, Astéracées :



Digitalis purpurea L., Digitale pourpre, Scrophulariacées 
La belle, mais très toxique !, Digitale pourpre, est en graines _ j’en ramasse quelques unes… :




Toxicité : la plante entière est très toxique par la présence d’hétérosides à visée cardiaque, les cardénolides ou digitoxosides. Si ces principes sont effectivement utilisés en thérapeutique, ils deviennent rapidement toxiques.
Les symptômes de l’empoisonnement sont typiques. Après des troubles digestifs, on observe une phase d’anxiété et surtout des troubles cardiaques : forte bradycardie, fibrillation, tachycardie ventriculaire extrasystole, la mort pouvant survenir par syncope cardiaque.

Risque de confusion : les accidents demeurent exceptionnels avec la plante. Toutefois, en 1999, une intoxication a été signalée en France à la suite de la confusion entre des feuilles de Consoude récoltées comme salade et de Digitale pourpre, et qui a nécessité plusieurs jours d’hospitalisation. D’autres confusions ont eu lieu avec des feuilles de Bourrache destinées à préparer des tisanes.
Le meilleur critère de distinction est le toucher des feuilles : il est velouté et très doux chez la Digitale pourpre, et particulièrement rêche chez la Consoude et la Bourrache.

Le saviez-vous ? Toutes les espèces de digitales sont plus ou moins toxiques, y compris les espèces ornementales introduites dans les jardins.







Je déterre une racine de Geum urbanum L., Benoîte commune, Rosacées :




Au Moyen-Âge, la Benoîte commune était considérée comme herba benedicta, c’est-à-dire « herbe bénie ». On lui attribuait donc de nombreuses vertus curatives.
La racine contient des tanins et une huile essentielle qui dégage une odeur de clous de girofle.
La médecine populaire utilisait les tanins pour traiter le manque d’appétit, les troubles digestifs, les diarrhées, les inflammations de la bouche et de la gorge et, en usage externe, en cas d’eczémas cutanés.

Application médicale :
Tisane (gargarismes, troubles digestifs) : verser de l’eau bouillante sur 1 c. à c. d’herbe par tasse et laisser reposer 15 minutes. Filtrer et boire avant les repas. Ne pas dépasser la dose.



Crataegus monogyna Jacq., Aubépine commune, Rosacées ou Malacées :
 



Utilisations alimentaires :

On récolte les cenelles en août-septembre et on les dénoyaute afin de les consommer crues ou ajoutées à diverses confitures, compotes et vins doux. On les écrase en purée chaude mélangée à du lait. Les cenelles séchées se boivent en tisane ou allongent la farine de céréales.
Les graines concassées et rôties peuvent servir de substitut de café.
On aromatise les alcools avec les jeunes feuilles juste sorties des bourgeons. On peut aussi les manger crues ou dans des salades. En été, on prépare des salades et un vin cardiotonique avec les feuilles fermes.
Les fleurs odorantes aromatisent toutes sortes de desserts ainsi que le sucre, les sorbets et les liqueurs. On en saupoudre les salades. Début avril, les boutons s'ajoutent aux plats de légumes ou se conservent comme les câpres.

Goût : Les jeunes feuilles et les fleurs ont un goût d’amande amère. Les cenelles sont farineuses, fruitées et sucrées.

Composants : flavonoïdes (principalement  procyanidine, hypéroside et rutoside), en particulier dans les feuilles et l’écorce. Les fruits en contiennent beaucoup moins. Amines biogènes. Dans les fleurs : jusqu’à 0,15 % d’huile essentielle.

Propriétés médicinales :

Feuilles, fleurs et fruits sont utilisées. L'action médicinale de l'Aubépine n'a été découverte que récemment. Des essais cliniques ont démontré une amélioration de la circulation sanguine et un effet hypotenseur. On l'emploie aussi dans les troubles cardiaques non organiques et dans les traitements post-infarctus. Cette action ne se révèle que sur la durée. L'Aubépine se tolère très bien et ne provoque pas d'effets secondaires.


 carrefour du Poteau Blanc



Au premier plan, un Cytisus scoparius (L.) Link, Genêt à balais, Fabacées :

 

Plante tinctoriale :

A partir des fleurs, on obtient du jaune (aucun additif) ; à partir des rameaux juste fleuris, on obtient du jaune vif un peu vert (aucun additif), du vert vif (additif : cuivre).

Toxicité : La plante renferme des amines (tyramine, dopamine), des flavonoïdes (génitoside, spiracoside et scoparoside, entre autres) et des alcaloïdes. Parmi les alcaloïdes (une vingtaine en tout) on citera la spartéine, majoritaire dans les rameaux, et la lupanine majoritaire dans les graines, mais aussi l'ammodendrine et l'hydroxylupanine.

Traditionnellement on utilisait la fleur comme diurétique et pour le traitement des troubles circulatoires (la présence de flavonoïdes explique cet usage). Les rameaux sont récoltés pour en extraire la spartéine pour les besoins de l'industrie pharmaceutique. Cet alcaloïde possède différentes propriétés pharmacologiques : il a un effet régulateur sur les battements cardiaques (en fait, il soustrait le cœur à l'influence du système nerveux végétatif), il est donc indiqué pour le traitement de l'éréthisme cardiaque. Par son activité ocytocique (il augmente les contractions de l'utérus) il peut servir, sous forme injectable, à déclencher un accouchement (il est potentiellement abortif… donc contre indiqué en cas de grossesse).

Jadis, Cytisus scoparius était considéré comme une plante magique associée à la magie noire.
Selon Prosper Mérimée, « si les sorcières ne pouvaient pas monter sur un balai de bouleau, il n'y avait rien de plus facile que de monter sur un balai de genêt et aller au bout du monde ».

(Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gen%C3%AAt_%C3%A0_balais)



Les effets cumulés de l’absence de pluie et des fortes chaleurs du mois de juillet ont asséché les mares…



Daucus carota L., Carotte sauvage, Apiacées :
Je montre l’involucre caractéristique de la Carotte sauvage : les bractées de l’involucre sont trifides ou divisées, ciliées, celles de l’involucelle étant généralement entières.
C’est un élément qui permet de distinguer la Carotte sauvage de la Petite ciguë (Aethusa cynapium L.), plante très toxique !, qui possède des involucelles à 3-4 longues bractées situées du côté extérieur de chaque ombellule, donnant à la plante un aspect barbu. La Petite ciguë n’a pas d’involucre.





Définition des termes botaniques utilisés pour décrire l’involucre de la Carotte sauvage (et les involucelles de la Petite ciguë !):
Bractée : Feuille modifiée ou non qui est associée à une fleur ou à une inflorescence.
Les bractées peuvent être très différentes des autres feuilles de la plante par leurs tailles, leurs formes ou leurs couleurs. Elles s’insèrent généralement à la base de la fleur ou de l’inflorescence.
Cilié : Bordé de cils ou de poils.
Involucelle : Petit involucre. Ensemble de petites bractées formant une sorte de collerette soit à la base d’une ombellule, soit à l’extérieur de l’involucre de certaines espèces chez les Astéracées ou les Dipsacacées.
Involucre : Ensemble de bractées formant une sorte de collerette située à la base d’une inflorescence (généralement une ombelle ou un capitule) ou d’une fleur solitaire.
Ombellule : Petite ombelle. Les ombellules constituent les éléments d’une ombelle composée.
Trifide : Se dit d’un organe fendu en trois parties jusque vers le milieu de sa longueur.

Plante tinctoriale :

A partir des parties aériennes fleuries ou des fanes de carotte, on obtient du jaune vif à vert vif (le vert s'obtient plus facilement avec la plante fraîche et en maintenant la température en dessous de l'ébullition, aucun additif), du vert bronze (additif : fer).

Propriétés : La racine de carotte contient de la vitamine B1, B2, B6 et PP, du sodium, potassium, magnésium et du phosphore. Elle contient beaucoup moins de carotène (vitamine A) que sa cousine cultivée qui nous vient du moyen orient.

Précautions et risques de confusion : Les Apiacées toxiques avec lesquelles on pourrait éventuellement confondre la carotte ont des tiges glabres. La racine de la carotte se récolte au printemps dans des terrains meubles, avant que la tige florale ne se développe sinon elle devient ligneuse.

Utilisations alimentaires : La racine de la carotte sauvage, blanche, peut se consommer crue, râpée ou cuite.
Les fruits aromatiques constituent un excellent condiment.
Les jeunes feuilles peuvent être cuites et cuisinées de différentes façons, dans les soupes, sautées à la poêle…
Les fleurs fraîches peuvent être préparées en beignet ou saupoudrées pour décorer un plat.



Je tiens dans la main une feuille de Fagus sylvatica L., Hêtre, Fagacées :




En la plaçant à contre-jour, on aperçoit les poils très fins qui bordent le limbe :




Un très bel Hêtre :



Utilisations alimentaires :

Les jeunes feuilles ayant trempé une nuit dans l'eau aromatisent les limonades ; elles aromatisent aussi les liqueurs après deux semaines de trempage. On peut les manger dans les salades et les plats de légumes. Les feuilles séchées peuvent se fumer dans le tabac.
Les faines, qu'on récolte en septembre, sont indigestes en grandes quantités. Une fois rôties, on peut les consommer sans problème dans les salades, les marinades à l'eau-de-vie, comme substitut de café ou avec des légumes cuits. On en extrait une huile de table.
Coupée en lanières, l'écorce intérieure tendre des arbres abattus se prépare comme les nouilles. Les copeaux frais aromatisent viandes fumées et vinaigre.
En mars-avril, les faines germées se mangent en apéritif avec des aromates. Finement hachés et salés, ils aromatisent les salades.

Goût : les faines de Hêtre rappellent l’amande. Les feuilles ont un goût d’oseille.

Propriétés médicinales :

L'infusion d'écorce de hêtre est fébrifuge, bactéricide et soulage les affections respiratoires. Le goudron de bois de hêtre était autrefois employé pour calmer les démangeaisons et les inflammations cutanées. Le bois donne une huile essentielle appelée créosote, employée en homéopathie contre toutes sortes de troubles inflammatoires. Le charbon de bois entre dans la composition de nombreuses préparations contre les digestions paresseuses, les varices, les insuffisances cardiaques et circulatoires.

Composants :
Dans les faines : jusqu’à 45 % d’acides gras, 40 % d’amidon, 25 % de protéines, vitamines B6 et C, alcaloïdes et fagine. Ces deux derniers composés sont vraisemblablement responsables des désagréments causés par les faines crues, maux de ventre et de tête notamment. En petites quantités, les faines sont inoffensives. Les faire rôtir pour détruire les substances problématiques.

Plante tinctoriale :

Les différentes couleurs obtenues avec les feuilles du Hêtre :
- du jaune d’or (aucun additif),
- du vert (additif : cuivre),
- du vert kaki (additif : fer).



Galeopsis tetrahit L., Ortie royale, Lamiacées :

 
 

Utilisations alimentaires :

Toute l’année, les feuilles se mangent crues en salades variées. Cuites, elles servent d’ingrédient de farces de légumes, gratins, soupes, plats de légumes, purées de plantes (épinards), plats mijotés, galettes et pains de légumes, quiches, omelettes et fromage blanc aux herbes.
Les fleurs colorées décorent toutes sortes de plats.
Les graines produisent une huile légèrement amère. On concasse d’abord les graines avant de les presser ou de les tremper dans l’eau chaude pour récupérer l’huile. Les graines séchées se consomment germées en hiver.

Goût : L’Ortie royale a un goût très doux, discrètement aromatisé, qui la destine à de très nombreux plats.
L’Ortie royale n’est pas une vraie ortie. Toutes les autres espèces du genre Galeopsis ont les mêmes utilisations.

Composants : Acide salicylique, tanins et saponine.

Propriétés médicinales :

L’Ortie royale est expectorante et s’utilise contre les toux légères et la bronchite. En compresse contre les enflures.



Devant une Heracleum sphondylium L., Berce commune, Apiacées :






Habitat :
La berce commune apprécie les sols riches. On la rencontre des plaines aux régions montagneuses, dans les prés, les bois clairs, les fossés et au bord des routes et des chemins. On trouve parfois sur un même site de nombreuses sous-espèces aux feuilles de forme variée. La berce repousse après la fauche des prés et fleurit parfois une deuxième fois.

Caractéristiques botaniques :
Sa caractéristique la plus remarquable est sa taille. Elle est toujours plus grande que les plantes environnantes. On remarque immédiatement ses grandes feuilles anguleuses, peu divisées, notamment dans les prairies.
Toute la plante est pubescente ; ses longs pétioles sont ovales en coupe transversale ; les feuilles qui se développent le long de la tige possèdent une gaine renflée. La tige, qui peut atteindre 2 mètres de hauteur et porte les ombelles, est ronde, cannelée et creuse.
L’odeur de la berce commune, également caractéristique, rappelle le céleri et la carotte, et son goût évoque légèrement celui de la mandarine.

Cueillette et usage culinaire :
On cueille d’abord les jeunes feuilles lorsqu’elles sont encore froissées, avec leur long pétiole juteux ; on peut les déguster en salade ou comme légume après les avoir fait cuire à la vapeur. Plus tard, on récolte les inflorescences non écloses protégées par la gaine foliaire ; elles sont délicieuses cuites à la vapeur comme des brocolis.
La tige épluchée et pas encore lignifiée est particulièrement sucrée ; c’est un en-cas bienvenu lors d’une randonnée. Elle peut également être servie crue en apéritif.
On utilise les graines très aromatiques dans les plats sucrés ou relevés, ou dans les boissons.
Les personnes ayant la peau sensible doivent se montrer prudentes lors de la cueillette : la sève de la plante peut entraîner une réaction de photosensibilisation suivie de brûlures de la peau, à l’instar de la berce du Caucase.

Risques de confusion :
Pendant la floraison, la berce commune peut être confondue avec d’autres espèces de la même famille. La Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) est une proche parente qui peut atteindre 4 mètres de hauteur ; ses immenses feuilles sont toutefois plus effilées.



Je tiens dans la main une liane de Lonicera periclymenum L., Chèvrefeuille des bois, Caprifoliacées, dont on aperçoit les baies :



Toxicité : les baies de Chèvrefeuilles, quelle en soit l’espèce, sont soupçonnées d’avoir provoqué des intoxications, mais en fait non rigoureusement vérifiées. Sans doute les troubles ne sont-ils que d’ordre digestif, car les baies contiennent effectivement des saponosides.
Parmi les autres chèvrefeuilles-lianes, mentionnons : souvent introduit dans les jardins, Lonicera caprifolium L. qui se distingue par ses feuilles toutes soudées entre elles par leur base et, caractéristiques du pourtour méditerranéen, Lonicera implexa Aiton et Lonicera etrusca Santi., ces derniers à fleurs plus rougeâtres. Quelques autres espèces sont arbustives.

Risque de confusion : aucun.

Le saviez-vous ? Le qualificatif de periclymenum, « baigné tout autour », voulait s’appliquer à des espèces méridionales aux feuilles soudées en une petite cuvette où s’accumule l’eau de pluie, et a été malencontreusement reporté par Linné à cette espèce aux feuilles non soudées.



Pastinaca sativa L., Panais commun, Apiacées :



Utilisations alimentaires :

Le Panais est un parent de la carotte et se consomme de la même manière.
Les graines qu'on récolte à la fin de l'été rappellent le carvi et aromatisent salades, purées, choucroute, pommes de terre au four ainsi que divers spiritueux.
Jusqu'en juillet, les feuilles, pointes et tiges molles s'ajoutent aux salades et à divers plats de légumes. Elles agrémentent beurre et fromage blanc aux herbes ainsi que les simples tartines beurrées.
Le premier automne, les racines contiennent des composants importants. On les récolte jusqu'au printemps suivant et elles sont plus tendres après les premières gelées. Finement coupées, on les mange en salade et on les cuisine à l'eau, au four ou à la poêle. Même cuites, elles donnent de savoureuses salades.
Fleurs et boutons sont les ingrédients aromatiques de divers plats de légumes et s'utilisent comme décoration à manger.

Goût : Le Panais rappelle la Carotte sauvage en plus piquant. La racine est douce. La plante et les graines évoquent la carotte et l’anis, elles sont sucrées et piquantes.

Composants : Huile essentielle, inuline, alcaloïdes, furocoumarine (effet photosensibilisateur), vitamines A, B et C, acides gras et minéraux, en particulier le potassium.

Propriétés médicinales :

Toutes les parties de la plante bues en infusion (1 cm3 par tasse) sont diurétiques. L'infusion est également analgésique et sédative. La racine du panais est un légume méconnu de grande valeur et sa teneur en inuline en fait un bon aliment pour les diabétiques. Elle procure aussi protéines, vitamines et minéraux en abondance et tonifie l'organisme.



Plantago lanceolata L., Plantain lancéolé, Plantaginacées :



Utilisations alimentaires :

D'avril à juin, les feuilles centrales de la rosette sont aromatiques. A cause de leurs fibres longitudinales, on les coupe en bandes transversales. On les mange en salade ou cuites comme des épinards et dans les omelettes. Elles servent aussi à décorer le pain et divers plats, et on peut en extraire le jus. On les utilise même dans certains spiritueux.
On trouve les tendres boutons floraux d'avril à juillet. On peut les mâcher crus, les ajouter aux salades, les faire réduire à la poêle ou encore les conserver dans l'huile ou le vinaigre.
Les graines se forment d'août à novembre. Elles donnent un goût fin aux plats de légumes. L'huile qu'elles contiennent apporte une touche de noisette dans les salades et sur les toasts.
La racine, qu'on récolte d'octobre à avril, a de nombreuses radicelles et doit être soigneusement brossée. Emincée, elle entre dans la composition de tourtes avec d'autres légumes tels que tomate, poivron ou carotte cuits à l'eau et légèrement salés, puis liés avec de l'œuf et de la farine.

Toutes les autres espèces européennes de plantains (Plantago) s'emploient de la même façon.

Goût : La plante a un goût de champignon, surtout les boutons floraux.

Composants : Glycosides (iridoïdes, 2-3%), mucilages, saponines, flavonoïdes (surtout apigénine et lutéoline), acide silicique (> 1%), zinc, potassium, forte teneur en vitamines C et B.

Propriétés médicinales :

C'est une des plantes les plus utilisées depuis l'Antiquité en raison de sa vaste répartition géographique. Encore aujourd'hui, la racine séchée a des utilisations médicinales: verser de l'eau frémissante sur 2 cm3 par tasse de racine séchée et laisser infuser 15 min. Toutes les plantaginacées sont bactéricides, rafraîchissantes et dépuratives. Le plantain lancéolé est surtout utilisé pour soigner plaies, irritations cutanées, brûlures, enflures et piqûres d'insectes. L'extrait passe pour très efficace contre les inflammations oculaires. En usage interne, le plantain soulage les affections des voies respiratoires supérieures ainsi que les inflammations bucco-pharyngées, de même que les ulcères de l'estomac, les colites et les inflammations urinaires. Les feuilles fraîches froissées avec la main soulagent parfois les piqûres d'insectes.



Prunella vulgaris L., Brunelle commune, Lamiacées :


Utilisations alimentaires :

Finement hachées, les jeunes feuilles et les pointes avec leurs boutons confèrent en avril-mai un peu d’âpreté au beurre aux herbes, aux salades et aux sauces de salade. Dans les sauces de salade, employer une huile à la saveur forte pour atténuer le goût âpre. On l’ajoute en petites quantités aux mélanges d’herbes aromatiques et aux sandwiches. Cuisinées dans un peu d’eau, on les incorpore dans les plats mijotés, les légumes cuits à l’eau et les soupes. Les feuilles séchées aromatisent les macérations (par exemple macérées pendant la nuit), les alcools ainsi que le tabac.
Les fleurs violettes décoreront toutes sortes de plats, de bowls et de tisanes.

Goût : feuilles et fleurs ont un goût âpre et aromatique.

Composants :
Tanins et substances amères, saponine, flavonoïdes et résines.

Propriétés médicinales :

Emploi traditionnel contre les maladies gastro-intestinales. La plante est bactéricide ; autrefois, on l’utilisait contre la diphtérie, les pharyngite et les laryngites. Des études récentes, notamment en Chine, décrivent son efficacité contre le virus de l’herpès. Ce virus peut provoquer des cloques désagréables au niveau des organes génitaux externes et des lèvres. En usage externe contre les troubles oculaires et pour favoriser la cicatrisation. La médecine chinoise l’emploie même dans le traitement du cancer et de la tuberculose.



Devant un Prunus laurocerasus L., Laurier-cerise, Rosacées ou Amygdalacées :



Toxicité : les feuilles et les graines (ou amandes) du Laurier-cerise contiennent des hétérosides cyanogènes, mais ceux-ci ne sont libérés que par lésion de ces éléments. Se produit alors une hydrolyse enzymatique qui va libérer d’une part du glucose, du benzaldéhyde qui est responsable de cette odeur aromatique dite d’« amande amère », d’autre part de l’acide cyanhydrique qui est un poison violent.
Les feuilles de Laurier-cerise ont pu servir pour parfumer des desserts, mais des accidents sont survenus en particulier chez des enfants. Mieux vaut donc s’abstenir.
Quant aux fruits, ils ne sont pas toxiques par eux-mêmes, mais les graines qu’ils renferment sont riches en ces principes vénéneux. Heureusement, leur saveur est peu agréable.

Risque de confusion : avec le Laurier commun ou Laurier-sauce (Laurus nobilis L.), utilisé comme condiment ; chez cet arbuste, les fleurs jaunâtres sont assemblées en inflorescence compacte, et les feuilles - également persistantes – sont ondulées sur les bords et dégagent par froissement une odeur aromatique spécifique.



Robinia pseudoacacia L., Robinier faux-acacia, Fabacées :



Utilisations alimentaires :

En juin, les fleurs aromatisent sorbets, pâtisseries, spiritueux, tisanes et gelées sucrées. On les fait frire dans de la pâte à beignets ou on les trempe dans de l’eau sucrée. En mai, on confit les boutons dans le vinaigre à la manière des câpres.

Composants :
Dans les fleurs et feuilles : glycosides, huile essentielle avec des composants odorants, flavonoïdes et tanins.
Dans les graines, racine, et écorce : substance toxique (lectine).

Propriétés médicinales :

La tisane et le vin de fleurs seraient cholagogues, antispasmodiques et toniques. En homéopathie, l’écorce des jeunes pousses est employée en cas d’acidité excessive de l’estomac. Aussi contre les migraines et les névralgies faciales.



Rubus groupe fruticosus, Ronce des bois, Rosacées :



Plante tinctoriale :

On obtient du gris et du noir avec les feuilles et tiges de la Ronce des bois, en rajoutant du fer comme additif.

La tisane de feuilles de ronce a un goût agréable. Les feuilles brunes fermentées peuvent remplacer le thé noir. Les feuilles séchées aident lors de diarrhées, comme lavement des affections cutanées et en gargarismes contre les inflammations de la bouche et de la gorge. Le jus des fruits mûrs contient des acides de fruits et des vitamines.

Application médicale :
Tisane de feuilles de mûrier et framboisier à parts égales. Tilleul, téguments d’églantines séchées et menthe pour l’arôme. Verser de l’eau bouillante sur 2 cuillères à café de ce mélange par tasse et filtrer au bout de 10 minutes.



Devant un parterre de Tussilago farfara L., Tussilage, Astéracées :




Les fleurs et les jeunes feuilles du Tussilage renferment énormément de mucilages, c’est pourquoi on les préconise depuis l’Antiquité comme remède contre la toux et l’enrouement (du latin tussis, « toux »). Malheureusement, elles contiennent également des alcaloïdes de pyrrolizidine et ne se prêtent donc pas à une utilisation régulière. Des cultures sans alcaloïdes permettent néanmoins aujourd’hui l’utilisation médicale de cette plante. Le Tussilage est anti-inflammatoire, il existe même des cigarettes de Tussilage contre l’asthme.

Application médicale : tisane contre la toux : ne pas cueillir la plante, mais l’acheter en herboristerie. Verser de l’eau bouillante sur 1,5 c. à c. de drogue par tasse. Laisser reposer 10-15 minutes et boire une tasse plusieurs fois par jour. Peut être sucrée avec du miel.

Sources :

Plantes sauvages comestibles, S.G. Fleischhauer, J. Guthmann & R. Spiegelberger, Editions Ulmer, Paris 2012

350 plantes médicinales, docteur Wolfgang Hensel, Editions Delachaux et Niestlé, Paris 2008, réimpression 2010

La cuisine des plantes sauvages, Meret Bisseger, Editions Ulmer, Paris 2012

Guide des teintures naturelles, plantes à fleurs, Marie Marquet, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011

Guide des plantes toxiques et allergisantes, Michel Botineau, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011

Plantes sauvages comestibles, Alain Creton, Séquoïa Editions, Colomars 2011

Guide des galles de France et d’Europe, Patrick Dauphin, collection guide des fous de nature, Édition Belin, 2012

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