lundi 26 mai 2014

La flore sauvage de la forêt domaniale de Port-Royal (sortie du 24 mai 2014)


Nous nous sommes promenés dimanche après-midi dans la forêt domaniale de Port-Royal, et plus précisément dans la vallée de la Mérantaise, entre la Maison de l’environnement de Magny-les-Hameaux et Voisins-le-Bretonneux.

Nous avons traversé tout d’abord des paysages agricoles (champs de blé et de colza), pour pénétrer ensuite dans la forêt : les photos s’arrêteront d’ailleurs à l’entrée de la forêt, car nous avons essuyé une forte pluie jusqu’à Voisins-le-Bretonneux !





Devant un pied d’Alliaire officinale :

  
Alliaria petiolata (M. Bieb.) Cavara et Grande, Alliaire officinale, Brassicacées

Habitat :
L’Alliaire officinale pousse à la lisière des forêts, au bord des routes et des chemins, ainsi que dans les zones ombragées, sur les sols riches.

Caractéristiques botaniques :
Comme de nombreuses plantes de cette famille, l’Alliaire officinale revêt un aspect très différent en fonction du stade de développement auquel elle se trouve. Les feuilles de la rosette basale sont encore rondes, vert foncé à violet, et sont longuement pétiolées.
Les tiges, qui se développent plus tardivement, portent des feuilles plus claires et plus effilées, dont le pétiole se raccourcit à mesure que l’on se rapproche du sommet de la plante.
On reconnaît la plante d’abord à son odeur : les feuilles dégagent une odeur d’ail caractéristique lorsqu’elles sont froissées.
En bouche, trois saveurs se succèdent : une saveur aillée, puis une amertume et enfin un goût de chou, et plus précisément de chou de Milan, saveur caractéristique de nombreuses plantes de cette famille.
L’Alliaire officinale est bisannuelle : on trouve au même endroit des plantes adultes, qui fleurissent la deuxième année, et un tapis de jeunes plantes, voire de plantules à peine germées.

Cueillette et usage culinaire :
La règle suivante vaut pour la quasi-totalité des plantes de cette famille : elles sont presque entièrement comestibles si elles sont récoltées suffisamment jeunes : on cueille d’abord les jeunes feuilles de la rosette basale, puis plus tard les feuilles juteuses de la tige, la partie supérieure de la tige avec les fleurs encore fermées, les fleurs écloses et les jeunes fruits pas encore lignifiés. Même les graines peuvent être utilisées pour produire de l’huile.
L’Alliaire officinale peut se consommer crue en salade ou être utilisée comme herbe aromatique.
On peut également la faire cuire, mais son goût est alors plus amer.
Il est intéressant de disposer d’une plante ayant le goût de l’ail, mais n’ayant rien à voir avec ce dernier d’un point de vue botanique ; elle peut également plaire aux personnes qui ne tolèrent pas l’ail.


Devant un pied de Berce commune :

  
Heracleum sphondylium L., Berce commune, Apiacées

On récolte les feuilles de la Berce commune en avril-mai et les tiges feuillues de mai à septembre. Feuilles et tiges débarrassées de leurs fibres épaisses se mangent crues en salades ou cuites à l'eau, au four ou à la poêle. Les feuilles se consomment aussi en omelette ou dans le fromage aux herbes. On peut les faire lactofermenter façon choucroute ou les faire sécher en vue de leur stockage.
Les gros boutons floraux aromatiques sont un légume délicieux qu'on mange cuit ou cru en salade, de mai à septembre. On peut également les confire dans le vinaigre avec des épices.
Les graines vertes et immatures servent de condiment dans les plats sucrés ou dans une sorte de bière aromatique.
La racine blanche ressemblant au raifort s'utilise comme condiment râpé ou se cuisine à l'eau.

Goût : la Berce évoque un peu la carotte. Les graines sont aromatiques et piquantes, la tige est très juteuse, la racine est légèrement piquante.

Utilisations médicinales :
Emploi traditionnel et homéopathique en cas de troubles digestifs, d'hypertension, de toux et d'extinction de voix. En naturopathie contre les troubles du système nerveux central, la sclérose multiple, les rhinopharyngites, l'apathie, la somnolence et les maux de tête. Comme le gingembre, la racine est employée comme réjuvénateur et comme aphrodisiaque.

Composants :
Jusqu’à 10% de sucre, acide linoléique, acide palmitique et acide oléique, substances amères, provitamine A (bétacarotène), protéines, fer, potassium et 6 fois plus de magnésium, 8 fois plus de calcium et 20 fois plus de vitamine C que la laitue. Huile essentielle contenant des furocoumarines (responsable de la photosensibilisation).


 
Daphne laureola L., Laurier des bois, Daphné lauréole, Thyméléacées

On trouve le Laurier des bois surtout dans les chênaies pubescentes et les chênaies-charmaies.

Les écorces de tous les daphnés élaborent de la daphnétoxine, et les graines de la mézéréine, qui sont des terpènes particulièrement toxiques.
Le simple contact des écorces avec la peau, ou pire avec les muqueuses, provoque une forte réaction inflammatoire, et peut même induire des cancers cutanés.
L’ingestion des fruits déclenche une ulcération des muqueuses du tube digestif, entraînant des spasmes violents, des vomissements, une hypersalivation, un enrouement et une déglutition difficile, des diarrhées et des nausées, et éventuellement des phases de convulsions.


Devant un Laurier-cerise :






 
Prunus laurocerasus L., Laurier-cerise, Rosacées ou Amygdalacées

Les feuilles et les graines (ou amandes) du Laurier-cerise contiennent des hétérosides cyanogènes, mais ceux-ci ne sont libérés que par lésion de ces éléments. Se produit alors une hydrolyse enzymatique qui va libérer d’une part du glucose, du benzaldéhyde qui est responsable de cette odeur aromatique dite d’« amande amère », d’autre part de l’acide cyanhydrique qui est un poison violent.
Les feuilles de Laurier-cerise ont pu servir pour parfumer des desserts, mais des accidents sont survenus en particulier chez des enfants. Mieux vaut donc s’abstenir.
Quant aux fruits, ils ne sont pas toxiques par eux-mêmes, mais les graines qu’ils renferment sont riches en ces principes vénéneux. Heureusement, leur saveur est peu agréable.

Le Laurier-cerise peut être confondu avec le Laurier commun ou Laurier-sauce (Laurus nobilis L.), utilisé comme condiment ; chez cet arbuste, les fleurs jaunâtres sont assemblées en inflorescence compacte, et les feuilles - également persistantes – sont ondulées sur les bords et dégagent par froissement une odeur aromatique spécifique.



 
Dryopteris filix-mas (L.) Schott, Fougère mâle, Dryopteridacées

Les guérisseurs de l’Antiquité savaient déjà que son rhizome paralysait les vers intestinaux, qui pouvaient être ainsi éliminés des intestins avec un laxatif. Cette utilisation a eu cours jusqu’à l’époque de Frédéric Le Grand. Elle était pourtant problématique, car certains patients perdaient la vue, d’autres mouraient suite à un surdosage.
En homéopathie, on administre le rhizome en cas de troubles visuels.
La médecine anthroposophique le prescrit pour soulager les troubles digestifs.






Le tas de sable a été formé par un Renard qui a creusé son terrier :










 
Polygonatum multiflorum (L.) All., Sceau de Salomon multiflore, Liliacées ou Convallariacées

Les fruits du Sceau-de-Salomon multiflore sont riches en saponosides toxiques, leur saveur sucrée est cependant plutôt repoussante. Par ailleurs, le rhizome et les feuilles contiennent de l’oxalate de calcium cristallisé sous forme d’aiguilles (raphides), conférant des propriétés irritantes sur la peau et les muqueuses.

Le Sceau-de-Salomon multiflore peut être confondu avec le très proche Sceau-de-Salomon odorant (Polygonatum odoratum (Miller) Druce, synonyme Polygonatum officinale All., Polygonatum vulgare Desf.) qui présente une ou deux fleurs plus grandes, au parfum suave, et des tiges nettement anguleuses, ses fruits sont un peu plus gros. Sa répartition est plus localisée (plus fréquent dans l’est de la France), recherchant des terrains plus secs ; mais il est également cultivé dans les jardins.


 
Mélange de Sceau-de-Salomon multiflore et Polypode (Polypodium)-Polypodiacées












Hedera helix L., Lierre grimpant, Araliacées

L’ingestion par les enfants de baies de Lierre provoque des phases d’abattement, avec frissons, hypothermie, diarrhée, et éventuellement un coma pouvant précéder la mort. Mais la saveur désagréable et la consistance de ces fruits font que les intoxications sont heureusement rares.
Si ces baies sont toxiques pour certaines animaux, en particulier les poules, elles semblent inoffensives pour les merles, grives et pigeons qui les consomment l’hiver.
Par ailleurs, le contact du Lierre avec la peau peut irriter les personnes sensibles.

J’ai dans les mains un Lamier blanc, appelé aussi « Ortie blanche ». Ce dernier nom vernaculaire est source de confusion, en effet, le Lamier blanc est une Lamiacée, et non pas une Urticacée comme l’Ortie dioïque.
Le Lamier possède les caractéristiques de la famille des Lamiacées : le pétale inférieur de la corolle est particulièrement développé, et sa tige est quadrangulaire :









Stellaria holostea L., Stellaire holostée, Caryophyllacées




 
Sambucus nigra L., Sureau noir, Caprifoliacées ou Adoxacées

Les fleurs du Sureau noir, au parfum capiteux, s’ajoutent crues aux salades de fruits ou parfument les crèmes, les tartes, les gâteaux, le vin. On fait de délicieux beignets avec ses corymbes, de la limonade. Les pommes conservées sur un lit de fleurs prennent le goût d’ananas.
Les baies juteuses servent à fabriquer des sirops, des gelées.

J’ai dans la main gauche une feuille de Cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris (L.) Hoffm.) et dans celle de droite une feuille de Cerfeuil penché (Chaerophyllum temulum L.). Ces deux plantes de la famille des Apiacées, se ressemblent fortement, mais attention, alors que le Cerfeuil sauvage est comestible, le Cerfeuil penché est toxique !



 
Chaerophyllum temulum L., Cerfeuil penché, Apiacées




 
Rumex obtusifolius L., Patience à feuilles obtuses, Polygonacées








Devant une station de Sureau Yèble :

 
Sambucus ebulus L., Sureau yèble, Petit sureau, Caprifoliacées

Sans aller jusqu’à une véritable intoxication, les fruits de Sureau yèble sont indigestes, mais également amers même cuits ; ils contiennent des hémagglutinines.

Une confusion assez fréquente entre les baies du Sureau yèble et celles du Sureau noir (Sambucus nigra L.) est commise par les personnes désirant faire de la confiture : ce dernier est une plante ligneuse (arbuste ou arbre) ramifiée, à écorce jeune typiquement interrompue par de nombreuses lenticelles en relief, dont les feuilles ont 5 au plus 7 folioles, et les fruits sont toujours pendants et également plus précoces.













Mentha suaveolens Ehrh., Menthe à feuilles rondes, Lamiacées








Sources :

Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, François Couplan et Eva Styner, Éditions Delachaux et Niestlé, Les guides du naturaliste, Paris, 2007

Plantes sauvages comestibles, S.G. Fleischhauer, J. Guthmann & R. Spiegelberger, Editions Ulmer, Paris 2012

Guide des plantes toxiques et allergisantes, Michel Botineau, collection Les guides des… Fous de Nature !, Editions Belin 2011

350 plantes médicinales, docteur Wolfgang Hensel, Éditions Delachaux et Niestlé, Paris 2008, réimpression 2010

Plantes sauvages comestibles, Alain Creton, Séquoïa Editions, Colomars 2011

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